A la veille du Nouvel An juif, Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France, s’inquiète des tentatives de remises en cause, par la société, de «rites fondamentaux».
Nous attendons que la France joue un rôle moteur en Europe dans la défense de cette pratique millénaire.
Sur le dossier de l’abattage rituel, les polémiques qui ont éclaté durant la campagne présidentielle ont-elles fait long feu ?
Je ne pense pas que ces questions soient derrière nous ; les coups peuvent venir de partout, d’autant qu’il s’agit d’un enjeu de niveau européen.
Ces tentatives de remise en cause d’une pratique religieuse ne sont pas des accidents de parcours mais le signe que nos sociétés s’arc-boutent contre le fait religieux. Nous venons d’en avoir une autre illustration en Allemagne avec le débat sur la circoncision. Ce jugement montre que l’on a atteint un point extrême dans les atteintes à la liberté de culte.
Pour nous, l’abattage rituel ou la circoncision sont des pratiques qui ne sont pas négociables. Sinon, cela signifie pour les juifs d’Europe qu’ils doivent partir. La maladresse de François Fillon au printemps [l’ex-premier ministre avait laissé entendre que juifs et musulmans devaient revoir leurs «traditions ancestrales»] montre qu’il faut être vigilant. Il ne faudrait pas entériner le projet d’une société qui accepte toutes les libertés sauf celle de pratiquer une religion.
Le Monde