L’image retenue par les Français est celle du débat à la Sorbonne entre François Mitterrand et Philippe Séguin, le chantre du non, à quelques jours du référendum du 20 septembre 1992 sur le traité de Maastricht qui verra la courte victoire du oui.
Une autre image moins célèbre illustre cette campagne. La scène se passe le 9 juin 1992, à Sélestat, dans le Bas-Rhin. Sur l’estrade, deux militants passionnés de l’Europe, le président de l’UDF Valéry Giscard d’Estaing et la ministre des Affaires européennes Élisabeth Guigou, débattent poliment pour assurer la victoire du oui. L’ex-président de la République et la ministre de François Mitterrand, l’affiche provoque la colère du RPR, qui dénonce «des manœuvres politiques». Le mouvement gaulliste se déchire alors entre partisans du oui, derrière Jacques Chirac, Alain Juppé, Édouard Balladur et Nicolas Sarkozy, et défenseurs du non, très largement majoritaires autour de Philippe Séguin et Charles Pasqua.
Une deuxième «rencontre pour Maastricht», prévue à Lille avec les socialistes Jacques Delors, Pierre Mauroy et le centriste Raymond Barre, sera annulée par crainte de manifestations hostiles d’agriculteurs et de routiers. Le peuple contre les élites, avec un bouc émissaire tout trouvé, «les technocrates de Bruxelles». Ce clivage s’exprimera à nouveau en 2005 lors du référendum sur le traité constitutionnel européen, permettant, cette fois, la victoire du non. Après le RPR en 1992, c’est le PS dans l’opposition qui s’était entre-déchiré.
Vingt ans après Maastricht, notre sondage Ifop l’atteste, l’Europe divise toujours les Français. Retrouvera-t-on ces clivages à la faveur du débat sur le traité budgétaire européen?
Reverra-t-on en 2012 se former une alliance entre les socialistes et la droite parlementaire proeuropéenne? La gauche surmontera-t-elle ses déchirements internes? (…)