Samedi et dimanche, plus de quinze mille sites et monuments sont ouverts au public. À l’heure des restrictions budgétaires, le financement de leur entretien pose problème.
L’État et les collectivités locales auront-ils les moyens d’entretenir les 44.000 biens classés monuments historiques? En ces temps de crise «d’une violence inouïe», pour reprendre les termes d’Aurélie Filippetti, rien n’est moins sûr. Reçues mardi au ministère de la Culture, les associations de sauvegarde du patrimoine ont compris que les temps seraient difficiles pour leur combat. «Nous avons eu l’impression que l’année 2013 était sauvée, mais qu’après, tout était en suspens», raconte l’une d’entre elles.
Pourtant, les besoins sont colossaux, et ne cessent de s’étendre. La France compte des centaines de milliers de bâtiments, de tours, de châteaux, de ponts ou de phares dignes d’intérêt ; il y a peu de scandales, comme celui de Pompéi: mais l’immensité du patrimoine fait que son entretien est un puits sans fond. 44.000 monuments sont classés par l’État et bénéficient à ce titre d’une protection particulière – ce qui ne veut pas forcément dire d’un budget de restauration adéquat. Au fil du temps, soucieuse de marquer son identité et consciente du potentiel touristique qu’un patrimoine diversifié représente, la France a de plus en plus classé ou inscrit des biens. Paysages, phares ou anciens sites industriels sont venus étoffer une liste déjà fournie. Le maintien en bonne santé du tout est donc un gouffre, qui se creuse régulièrement.
En 2008, les associations avaient fait leur compte: pour tout maintenir à flot, il aurait fallu dégager 7 milliards d’euros en dix ans. Somme inatteignable, bien sûr. Bon an mal an, entre 300 et 370 millions d’euros de crédit sont débloqués pour faire face aux urgences ou aux priorités. S’y ajoute l’écot des collectivités territoriales. En 2011-2012, les cathédrales, dont celle de Chartres, de Carcassonne ou d’Angoulême bénéficièrent de la manne publique, avec près de 50 millions d’euros. Las! Celle de Royan, datée du XXe siècle, en béton, se fissure et prend l’eau. Celle de Strasbourg, en travaux quasi perpétuels depuis dix ans, s’effrite. «Chaque année, nous savons que nous ne pourrons pas tout faire. Nous fixons les urgences et, malheureusement, certaines s’imposent à nous», constate Philippe Belaval, président du Centre des monuments nationaux. (…)
Trop de bâtiments, pas assez d’argent. Équation impossible?
Le Figaro