Accusé de racisme, puis lavé de tout soupçon, un recruteur de la SNCF a tenu à poursuivre celle qui l’avait sali pour «dénonciation calomnieuse». Il a obtenu gain de cause devant la justice.
[…] En décembre 2008, une femme de 36 ans, Française originaire du Cameroun, Laurier Ngo Nguidjoe, se répand dans les médias pour accuser M. S., recruteur à la SNCF, de l’avoir «humiliée » lors d’un entretien informel dans les locaux de l’entreprise publique, le 25 novembre de la même année.
Selon elle, son interlocuteur lui a dit : «Vous avez trop de diplômes, pourquoi ne pas rentrer travailler dans votre pays ? Ici, on a besoin de travailler entre Français, entre bons blancs. Vous voulez peut-être prendre ma place ? »
Laurier Ngo Nguidjoe écrit tous azimuts, du président de la SNCF, Guillaume Pépy à celui de République, Nicolas Sarkozy, en passant par le député Gremetz, le préfet, le président de région, le procureur général… Elle porte plainte formellement le 10 décembre. Une instruction est ouverte, qui débouchera sur un non-lieu indiscutable.
En fait, la pseudo-victime, informaticienne de formation, a postulé à un emploi de commerciale. Elle a rempli un dossier et est tombée sur M. S. quand elle l’a déposé. «Je lui ai indiqué que son CV ne correspondait pas au profil. Elle a été prévenue ensuite par téléphone qu’elle n’était pas retenue. Le 27, elle est venue demander des explications et a demandé “si ce n’était pas à cause de sa couleur de peau” », retrace-t-il. «Il y avait de quoi foutre ma vie en l’air », témoigne aujourd’hui le recruteur.
« La discrimination positive, il faut arrêter… L’excès doit être sanctionné, sinon, il n’y a plus de limite, certaines personnes vont contester un résultat aux examens, un jugement du tribunal… La discrimination positive ne doit pas être une arme qui se retourne contre la société. »
«Il a décidé de ne pas se laisser faire, indique son avocate Stéphanie Derivière. Il a souffert, il a dû faire face à une enquête. » «Je pense à ce qui serait arrivé à une personne plus fragile que moi », complète-t-il. Tous deux, comme le tribunal, regrettent que la jeune femme semble avoir totalement disparu de la circulation, au point que la justice n’a pu la convoquer.
Elle a été condamnée à deux mois de prison avec sursis. Peine complémentaire : le jugement devra, à ses frais, être publié dans un journal. Une sorte de retour du bâton…
Courrier Picard