L’animateur Ivan Frésard ne veut plus d’amis musulmans pratiquants sur Facebook.
«Si parmi les 5374 amis de mon compte Facebook, il y a des personnes de confession musulmane pratiquant l’islam, je vous demanderai, malheureusement, de vous retirer de cette page.» Finalement, c’est Ivan Frésard lui-même qui a retiré ce post, révélé hier par 20 minutes, sur demande des administrateurs du réseau social. Le créateur de La Soupe explique sa démarche. Débat vif avec Hafid Ouardiri, directeur de la fondation de l’Entre-Connaissance.
Que reprochez-vous aux musulmans?
Ivan Frésard: – Je dénonce avant tout une situation catastrophique au niveau mondial. Et elle atteint la France et même la Suisse. Je suis extrêmement inquiet par rapport à mon métier de provocateur et de caricaturiste, où il faut s’autocensurer par peur d’une récupération et d’un embrasement de violence. Paris est, par exemple, une ville en état de siège qui a peur d’un attentat à cause d’un dessin dans Charlie Hebdo que je trouve drôle et que je voudrais continuer à trouver drôle.
Hafid Ouardiri: – Je partage cette peur! Avec Internet, on peut effectivement partir de rien et mettre le feu au monde. C’est la raison pour laquelle je pense que la liberté d’expression n’exclut pas la responsabilité de celui qui provoque. Un caricaturiste ne peut pas dire qu’il se fiche des réactions. La liberté d’expression n’a pas été créée pour permettre d’insulter ou engendrer les ingrédients de la violence. Et puis, il y a aussi la notion du respect que les peuples se doivent. Elle implique de ne pas se moquer des valeurs des autres ou de leur sentiment religieux.
Un provocateur n’a-t-il pas aussi une responsabilité à assumer?
I.F.:
– Pour moi, aucun propos, fût-il irresponsable, moqueur, méprisant, injurieux ou même condamnable, ne peut justifier la violence et la mort.
Je rappelle que nous sommes en démocratie. Il y a des lois et des tribunaux pour juger les actes. Je prends un exemple: les photos de Kate Middleton avec des seins nus peuvent être assimilées à un blasphème pour certains. Et dans ce cas-là, dans notre société, on se tourne vers la justice et on ne sombre pas dans la violence! (…)
Tribune de Genève