Un procès au Tribunal de Paris révèle les détails d’un trafic de mineurs roms entraînés à voler en France.
Le dossier montre aussi que les mis en cause et leurs proches ont réalisé de nombreux investissements immobiliers (immeubles et villas) près de Tandarei, leur région natale.
À la question apparemment banale «comment ça va?», il répond «très bien. Les enfants me rapportent beaucoup d’argent et d’autres choses…». Remus Stoian, un Rom de Roumanie, âgé de 40 ans, est accusé d’avoir initié, pour exploiter leur talent, plus d’une dizaine d’enfants roumains au vol. Il a déjà été condamné à cinq ans de prison, mais il a fait appel. Vendredi devant le tribunal de Paris, il a nié méthodiquement la plupart des faits reprochés. […]
Courant 2009, les policiers s’intéressent à une série d’agressions opérées selon la même technique: une poignée d’enfants ou d’adolescents entourent une personne – une femme le plus souvent – occupée à composer son code au distributeur bancaire. Pour la distraire, ils posent un journal ou une pétition sous le nez de la victime, en profitent pour taper la touche correspondant au montant le plus élevé possible, avant de prendre la fuite avec les billets. Ceux qui résistent risquent des coups. […]
Les enquêteurs remontent le fil jusqu’à un camp rom à Saint-Denis. Les écoutes révèlent un véritable trafic entre la France, la Roumanie et même l’Angleterre. Les enfants tournent, pris en main localement par des chefs de réseaux. […]
Les interrogatoires mettent en lumière un système clanique organisé: un camp est dirigé par un chef, qui vend les emplacements aux nouveaux arrivants. Les perquisitions menées sur place ont permis de mettre la main sur d’importantes sommes en liquide, des billets d’avion montrant d’incessants allers et retours Paris-Bucarest, des bordereaux d’envoi d’argent en Roumanie de plusieurs milliers d’euros à chaque fois. Le tout souvent caché dans les vêtements des femmes. À partir des aveux des enfants, les enquêteurs ont évalué les sommes en jeu à près de 100 000 euros. «Mais les montants réels sont bien plus importants», estime une source judiciaire. […] Actuellement, près de 200 enfants roms seraient ainsi exploités. Plusieurs enquêtes préliminaires ont été ouvertes.
Le Figaro