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Extrait d’un débat sur Atlantico sur les caricatures de Charlie Hebdo entre David Assouline, sénateur de Paris et porte-parole du Parti socialiste, et les journalistes Elisabeth Lévy et Jean-François Kahn.

Cessons d’expliquer à nos concitoyens d’origine africaine ou maghrébine que nous leur avons fait beaucoup de mal et que nous avons une dette envers eux. L’histoire n’est pas un bilan comptable !
Avec la progression du FN d’un côté et la montée des intégrismes ou des revendications communautaires de l’autre, doit-on prendre au sérieux le risque de la guerre civile ?
David Assouline : Voilà encore un épouvantail ! Ce n’est pas sérieux d’évoquer un tel risque aujourd’hui. 150 salafistes la semaine dernière qui tentent de manifester à Paris, en rapport avec les millions d’hommes et de femmes d’origine musulmane qui vivent paisiblement en France. De l’autre une Marine Le Pen qui aimerait bien faire croire à un tel scénario catastrophe pour capitaliser les peurs.
Par le passé, l’extrême droite française s’attaquait frontalement à la laïcité. Aujourd’hui, toute la stratégie de Marine Le Pen consiste à habiller sa xénophobie, et ses stigmatisations de certaines populations, du mot de «laïcité», alors qu’elle le dévoie radicalement.
Elisabeth Lévy : Non, je ne crois pas, je ne veux pas croire à la guerre civile. Mais deux facteurs alimentent les fractures. Le premier est le divorce croissant entre l’opinion médiatique et l’opinion tout court. La plupart des gens en ont assez de se faire sermonner par des journalistes qui leur disent qu’ils ne vivent pas ce qu’ils vivent et les somment de penser convenablement. Ils peuvent se laisser intimider pendant un temps et dire aux sondeurs qu’ils sont favorables au droit de vote des étrangers extra-communautaires aux élections locales, mais le risque est qu’ils se vengent ensuite dans les urnes par un vote de plus en plus radical. […] Jean-François Kahn : Non, je ne crois pas. En revanche, toutes les conditions sont réunis pour que Marine Le Pen fasse un énorme score lors de la prochaine élection présidentielle. Dans certains pays européens les partis populistes dépassent les 20%. Je crois que c’est une possibilité qu’il ne faut pas écarter.
La stratégie d’apaisement menée par la gauche est-elle la bonne ? Ne faut-il pas faire preuve plus de fermeté ?
Elisabeth Lévy : Bien entendu, c’est la pire stratégie qui soit. Que ce soit à l’école ou dans l’espace public, il ne faut pas céder un pouce de terrain sur la règle commune. Mais ce qui est encore plus important, c’est d’en finir avec l’auto-flagellation et la repentance. […] Atlantico

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