Interview de Mouloud Haddad, sociologue, chercheur associé au Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (Cetobac, EHESS-CNRS) et enseignant à l’Université Paris VIII.
Ces territoires, autrement dit les quartiers populaires, seraient le [repère] repaire, la base arrière pourrait-on dire, d’un Talibistan peuplé de femme voilées et d’hommes enturbannés à l’accent étranger, menaçant des centres villes laïcs et républicains.
Dans une interview au Monde, Marine Le Pen explique vouloir exclure tous les extrémistes étrangers. Si elle était élue, pourrait-elle de manière concrète mettre cette menace à exécution ?
Il ne s’agit pas d’une menace à proprement parler – elle n’en a pas les moyens – mais plutôt d’un effet d’annonce qui doit marquer sa rentrée politique. […]
Sur la défense d’une laïcité qui serait mise en danger, elle ne dit pas autre chose que Brice Hortefeux hier et que Manuel Valls aujourd’hui. Cette thèse nourrit, alimente, un imaginaire de l’invasion sur l’air de «on est plus chez nous». […] Mais le marinisme, en tant que messianisme politique, a une spécificité : il prône un retour à l’ordre ancien, à un Age d’or mythique, qui mélangerait à la fois des éléments de l’Ancien régime, de l’Empire et de la IIIe République. La France, selon elle, n’est pas seulement la patrie des Lumières, elle est catholique et protectrice des Chrétiens d’Orient. […]
Marine Le Pen dénonce également des tentatives d’un retour au délit de blasphème…
Je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de cela lorsque des musulman manifestent leur désapprobation voire leur colère.En France, nous ne pouvons pas ignorer la question sociale, notamment dans les quartiers populaires. Le sentiment collectif (j’insiste sur ce point) de ne pas trouver socialement sa place est renforcé par un autre sentiment, plus spécifique, celui d’être stigmatisé pour la religion que l’on est sensé censé pratiquer. […]
Atlantico