Moi-même je suis féministe et engagée dans la lutte contre toutes les discriminations (racisme, antisémitisme, homophobie…).
Au Maroc, je me sens souvent perdue car de très nombreux sujets sont carrément inabordables, comme l’homosexualité par exemple. (…)
D’autre part il est évident que l’on souffre d’une réputation de femme facile pour ne pas dire autre chose. Ainsi il m’est arrivée qu’un chauffeur de taxi me demande si j’étais vierge tout ça pour me dire que les femmes européennes étaient des putains.
Mais le pire, le plus lourd à supporter est l’omniprésence du religieux. Et quand on touche à l’islam, les gens se braquent, aucun dialogue n’est possible. Quand on vous demande quelle est votre religion, mieux vaut répondre chrétien si vous êtes athée.
Il y a des journées où dès 8h du matin vous avez à supporter radio coran dans le taxi, entendre les appels à la prière comme sonneries de téléphone, fuir les vendeurs ambulants en chariots qui mettent à fond des lectures coraniques et quand vous rentrez chez vous, c’est votre voisin emboîte le pas…Et là vous ne pouvez rien dire, vous le mécréant !
Car ici on est en terre d’islam, la religion musulmane est un socle indissociable de l’identité nationale. D’ailleurs, beaucoup de Marocains se présentent d’abord comme des musulmans. Ici il n’est pas question de spiritualité mais de contrôle de l’individu par le clan, du refus de voir émerger la diversité comme si elle était une menace.
Ici il n’est pas question de spiritualité mais de contrôle de l’individu par le clan, du refus de voir émerger la diversité comme si elle était une menace.
Quand les gens m’entendent parler arabe classique, ils sont d’abord très heureux et me posent inévitablement LA question : « Tu es convertie ? »
En effet, ils pensent que j’apprends l’arabe pour lire le Coran. (…) Un jour, quand on ma reposé pour la énième fois cette question j’ai dit : « Oui je suis musulmane. » En effet, j’en avais assez de ce sentiment de déception qui envahit les visages quand la réponse est négative.
Et là je me suis faite piégée car loin de couper court au dialogue, j’ai eu droit à « Tu fais la prière ? Tu fais le jeûne ? Et pourquoi tu n’as pas le hidjab ? » Ce fut donc la première et dernière fois.
Et je ne vous citerai pas les arguments chocs pour vous faire entendre que l’islam est l’unique voie possible comme : « Cat Stevens et le commandant Cousteau *** sont musulmans, ils ont raison. Pourquoi pas toi ? »
[*** Précision : dans le monde musulman, une rumeur prétend que Cousteau s’est converti a l’islam avant de mourir. C’est faux. Sa famille l’a plusieurs fois démenti. NDLR ]
Ce à quoi j’ai répondu, avec une touche de provocation : « Moi je connais desmusulmans qui sont devenus chrétiens. » Réponse laconique de mon interlocuteur plutôt furieux : « Eux, ce sont des cons. »
Non-muslmane, j’ai moins de droits que les autres femmes mariées. (…) Si mon mari décède je ne peux pas hériter de lui et lui ne peut pas hériter de moi car je suis d’une autre religion. Si nous avons des enfants, ils ne pourront pas hériter de moi car ils seront considérés comme musulmans d’office par leur père musulman.
Ils auront également l’obligation de porter des noms marocains et musulmans choisis dans une liste de prénoms autorisés. Dans les cas de divorce, même si depuis la nouvelle Moudawana la mère a la garde, en tant que chrétienne vous êtes en danger car vous devez vous engager à élever vos enfants dans l’islam.(…)
Pour s’intégrer à la société marocaine, il faut être musulman. Tant que vous ne l’êtes pas, même si vous avez toujours vécu ici, on ne vous regardera pas comme un égal. Car il y a une hiérarchie, entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Et parmi ceux qui croient, entre les musulmans et les autres.
Quand on pense détenir la vérité, un sentiment de supériorité se développe. Pourtant, quand je regarde les gens autour de moi, je trouve qu’ils agissent en contradiction totale avec leurs croyances : corruption à tous les niveaux, harcèlement sexuel dans la rue, mépris pour les gens pauvres, matérialisme excessif, médisance, agressivité constante.
Quand je regarde les gens autour de moi, je trouve qu’ils agissent en contradiction totale avec leurs croyances : corruption à tous les niveaux, harcèlement sexuel dans la rue, mépris pour les gens pauvres, matérialisme excessif, médisance, agressivité constante.
Pour moi l’islam n’existe pas, il n’y a que des musulmans. Et de ce que j’observe les musulmans sont les premiers ennemis d’eux-mêmes.
Aujourd’hui je ne me reconnais ni dans les fondamentalistes musulmans, ni dans le discours haineux de Marine Le Pen. Ils me font aussi peur l’un que l’autre. (…)
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Merci Thomina