D’ici quelques semaines, l’entreprise Ikea de Franconville devrait réintégrer l’un de ses employés, condamné pour harcèlement moral sur ses collègues et sur sa hiérarchie. Devant ce dilemme juridique, la direction du deuxième plus grand magasin de la chaîne suédoise en France s’alarme. Elle vient de déposer un recours en annulation de cette décision. « Aujourd’hui, j’ai dans mon magasin un certain nombre de personnes qui sont très inquiètes », assure Valérie Camara, la directrice du magasin. « Cela nous pose de réelles difficultés de le réintégrer, car nous devons assurer la sécurité de notre personnel. »
Adel A., ancien délégué syndical FO du magasin, est accusé d’avoir installé un véritable climat de « terreur » au sein de l’enseigne. Insultes, menaces, manœuvres d’intimidation… Certains de ses collègues ont décidé de se porter partie civile quand la direction a décidé de porter l’affaire en justice. C’est le cas de Yann, agent de maîtrise, dont la vie professionnelle a basculé le jour où il a décidé de créer une liste syndicale CFE-CGC. « Il me faisait appeler sur le quai pour un problème technique, il attendait que je sois isolé et il arrivait, toujours escorté de son équipe », se souvient l’employé qui évoque trois années d’insultes et de provocations. « Je ne revivrai pas ça ! » lance-t-il déjà. « En le réintégrant, nous allons mettre Adel A. face à des collaborateurs qui étaient ses victimes », prévient la directrice Valérie Camara. « Certains m’ont déjà annoncé qu’ils useraient de leur droit de retrait. » Au sein même de FO, le retour de l’ancien délégué fait froncer des sourcils.
En février dernier, Adel A. a été condamné par le tribunal correctionnel de Pontoise à six mois de prison avec sursis et 3000 € d’amende pour harcèlement moral. Il a fait appel. Mais c’est une autre procédure qui est à l’origine de sa réintégration. La décision de l’inspection du travail, autorisant son licenciement en janvier dernier, a été annulée apparemment pour un vice de forme.
Le Parisien