Dans la nuit de vendredi à samedi, deux Roubaisiens sont arrêtés pour avoir agressé deux passants dans les rues de Lille. À l’audience, ils ne semblent pas comprendre ce qu’on leur reproche…
[…] Face à elle, Driss El Basri et Sofiane Kheloui regardent alternativement leurs chaussures et le vague. S’ils se trouvent là, eux qui jusqu’à présent avaient affaire à la justice des mineurs, c’est pour une agression aussi bête que gratuite : tout ce que n’aiment ni les passants… ni les juges.
Dans la nuit de vendredi à samedi, ils ont croisé deux fêtards, rue Puebla, à deux pas du coeur des nuits lilloises. Deux passants à qui ils ont réclamé une cigarette. C’était d’accord pour une cigarette, mais pas pour deux, et Driss s’est énervé. Et le poing de Driss a démoli la mâchoire d’un des passants. Qui a perdu une dent dans l’escarmouche.
« J’avais mis un briquet dans ma main, pour que le coup ait plus d’impact », racontera Driss en garde à vue, un peu comme s’il en était fier. Et hier, face au tribunal, il maintient, le bougre. « J’ai cru qu’ils s’embrouillaient, alors j’ai frappé », lâche-t-il sans une once de regret, même feint. La juge interloquée : « Mais vous n’avez pas cherché à comprendre ? » Driss : « Ben non… » Son copain Sofiane, lui, est là parce qu’il l’accompagnait, et aussi parce qu’il avait du cannabis dans ses poches. « Driss a mis une patate, mais c’est vrai, il n’y avait pas vraiment d’embrouille », reconnaît Sofiane. Lui a quitté l’école en classe de 5e, alors qu’il avait quinze ans.
Il a dix-huit condamnations au compteur. Driss, de son côté, sort tout juste d’un centre fermé pour mineurs après une série de bêtises. Bref, ils sont de purs produits de cette jeunesse perdue. De cette jeunesse à la dérive qui se cherche mais ne sait pas où aller. « De quoi vivez-vous ? », insiste la juge. Driss ne comprend pas la question…
[…] Une chose sauve en partie les deux garçons : les policiers ont « oublié » de peser le cannabis saisi et les poursuites pour « détention de stupéfiants » sautent. C’est la seule bonne nouvelle de la journée pour Driss et Sofiane. Car le premier écope de quatre mois de prison ferme, et part à Sequedin. Le second prend trois mois mais échappe à l’incarcération.
Nord Éclair