Sous couvert de lutte contre le terrorisme, ce groupe de réflexion européen propose notamment d’interdire les pseudos et avatars sur les réseaux sociaux.
Il y a maintenant deux ans, le Programme de Commission européenne pour la prévention et la lutte contre la criminalité avait mandaté un groupe rassemblant responsables gouvernementaux et représentants du secteur privé afin de réfléchir aux moyens de lutter contre le terrorisme sur internet. Pour ce faire, le projet, baptisé “CleanIT”, et mené par le responsable néerlandais de l’anti-terrorisme But Klaasen, avait été doté d’un budget de 400.000 euros.
Depuis, ce groupe de réflexion travaille discrètement, rendant régulièrement des rapports d’étapes qui n’ont jusqu’à présent été que très peu médiatisés. Mais la semaine dernière, l’association de défense des libertés sur internet European Digital Rights (EDRI) a mis la main sur un nouveau rapport jusqu’à présent tenu secret et comportant des propositions assez étonnantes, voire “ridicules” ou “effrayantes” selon certains, qui risquent en tous cas de provoquer une levée de boucliers chez les défenseurs du web.
En effet, pour lutter contre le terrorisme, CleanIT propose ainsi tout simplement de bannir tout “contenu terroriste”. Or, cette idée suppose tout d’abord de trouver une définition commune à tous les pays d’Europe du terrorisme et de ce que peut-être un “contenu terroriste”, au risque dans certains cas de violer la liberté d’expression de certains groupes. En outre,
le projet propose d’également rendre illégal le simple fait de faire un lien hypertexte vers de ces “contenus terroristes”.
CleanIT entend également mettre la pression sur entreprises du web en assimilant le fait d’avoir un groupe terroriste dans ses clients à une aide financière au terrorisme. Ainsi, le fait de “fournir des services internet” à l’un de ces groupes serait qualifié “d’aide économique (…) et serait donc un acte illégal”.
Parmi les autres mesures proposées risquant de déclencher un tollé figurent notamment le fait d’obliger les entreprises du web “n’autoriser que les vrais noms” des internautes, ce qui reviendrait à interdire tout pseudo, l’obligation de mettre sa vraie photo sur les réseaux sociaux
ou encore l’obligation d’inclure dans les navigateurs un “bouton d’alerte”…
Nouvel Obs