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Tribune de Bernard Lamizet, professeur émérite à l’Institut d’Etudes politiques de Lyon, en faveur du droit de vote des étrangers aux élections locales.

Comment justifier le fait que les étrangers qui habitent une ville paient des impôts locaux sans pouvoir prendre part au débat et à la décision concernant l’usage de ces impôts ?
Mais cette reconnaissance de la mutation de la citoyenneté se comprend aussi, dans des pays comme la France, dans la perspective de la colonisation. Peut-être, avant de mettre en question la reconnaissance de la citoyenneté aux habitants de notre pays issus de l’immigration, la droite pourrait-elle s’interroger sur les raisons pour lesquelles ils y sont venus. […] On objectera que la naturalisation constitue une forme de reconnaissance de cet apport, mais il convient de prendre le temps de la réflexion. D’abord, il s’agit de comprendre les mots. Le terme “naturalisation” exprime une forme d’illusion, celle de croire que les institutions et les pouvoirs peuvent remplacer la nature ou la naissance. Naturaliser quelqu’un, c’est faire comme s’il était né dans le pays, c’est faire jouer à l’institution et aux pouvoirs le rôle de la naissance dans l’émergence d’une identité nouvelle. […] Ensuite, limiter, ainsi, le droit de vote des étrangers à ceux qui sont naturalisés, c’est leur imposer un changement d’identité et les engager dans une logique de long terme, de temps long. C’est une façon d’empêcher la mobilité et d’ignorer que le temps des institutions politiques a changé, comme le temps de la culture, de l’information et de l’économie. La reconnaissance du droit de vote aux étrangers est une façon de reconnaître que le temps des identités est, lui aussi, un temps plus court qu’il ne l’était, et que les identités deviennent, elles aussi, fluctuantes, changeantes, articulant, chez la personne comme dans l’histoire, un temps long de la mémoire et un temps court des événements et des ruptures. […] Le Monde

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