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Le Qatar mène une offensive sur le marché de l’art : il recherche très activement des oeuvres d’art moderne et contemporain pour étoffer les collections de ses musées, quitte à les payer au prix fort, relève une étude d’Artprice dont l’AFP a obtenu en exclusivité la synthèse.

Artprice, société française qui ausculte le marché de l’art, “a constaté depuis 18 mois un nombre impressionnant de requêtes sur ses bases de données, en provenance du Qatar”, a déclaré Thierry Ehrmann, président-fondateur d’Artprice.
“Le Qatar, qui compte seulement 1,8 million d’habitants et n’a même pas la taille d’une région allemande, produit au total un nombre de requêtes à peu près équivalent à l’Allemagne”, pays de 81 millions d’habitants, pointe M. Ehrmann.
En termes de ratio, cela donne pour le Qatar un nombre de requêtes par habitant sur le site Artprice.com “presque 45 fois supérieur à celui de l’Allemagne”, ajoute M. Ehrmann.
Le Qatar a mis en marche une “phénoménale machine de guerre” pour devenir “l’un des nouveaux market makers” (faiseurs de marché), considère M. Ehrmann, qui confie avoir lui-même été surpris par la rapidité et l’ampleur de cet engouement.
“Le Qatar ne prend pas de risque, sélectionne le meilleur et met le prix pour avoir le top“, dit-il. “Il entend faire de Doha une capitale mondiale de l’art”, ajoute M. Ehrmann.

L’ascension du Qatar sur le marché de l’art avait déjà été notée par les observateurs, notamment en début d’année après l’achat de gré à gré des “Joueurs de cartes” de Paul Cézanne pour un montant estimé à 250 millions de dollars. Soit la plus importante transaction jamais enregistrée sur le marché de l’art.

L’intégralité des institutions culturelles du Qatar (notamment l’importante Qatar Museums Authority, qui coiffe les musées publics du pays) “sont des abonnés haut de gamme du groupe Artprice”, indique M. Ehrmann. De même que “la quasi totalité de la famille royale qui s’occupe du développement culturel, notamment cheikh Hassan bin Mohammed bin Ali Al-Thani, et la fille de l’émir du Qatar, cheikha Al-Mayassa bint Hamad bin Khalifa Al-Thani”, souligne Artprice.

“Grâce à ses moyens financiers très importants, ce pays surenchérit systématiquement avec une marge, de près de 40 à 45 % au-dessus de la cote établie”, selon l’étude.

Le Qatar, qui ne possède pas de maisons de vente -mais a pensé un temps racheter Christie’s à François Pinault-, s’est entouré d’experts internationaux de très haut niveau qui le conseillent dans ses achats de gré à gré ou aux enchères.
Le pays recherche des oeuvres “au-delà du seuil des 100.000 euros”. Il s’intéresse peu à l’art ancien occidental mais se concentre sur l’art moderne et contemporain, indique M. Ehrmann. Il porte une attention toute particulière aux jeunes artistes du monde arabe.
Le riche état gazier a ouvert en 2008 un musée d’art islamique, puis en 2010 le “Mathaf” (musée, en arabe) consacré à l’art moderne arabe. Il a confié à l’architecte français Jean Nouvel le soin de construire le nouveau bâtiment du musée national du Qatar.
Le Point

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