Ils sont jeunes, ils ont entre 18 et 25 ans. Ils incarnent le futur du pays, l’espoir de la nation. Et, à la dernière élection présidentielle, ils ont voté Marine Le Pen. Explications.
En janvier 2011, quand Marine Le Pen a pris la présidence du Front national, Fabien, 22 ans, a déchiré sa carte de l’UMP. Dieu sait que le jeune homme y avait cru depuis son adolescence dans une petite ville ouvrière de Moselle. Mais trop d’espérances, en 2007, dans la capacité de Nicolas Sarkozy à changer les choses, peser sur le chômage, venir à bout de l’insécurité, s’occuper des «invisibles» qui souffrent en silence loin des fastes du Fouquet’s, et au bout du compte trop de désillusions.
Alors, le 22 avril, Fabien, qui votait pour la première fois de sa vie à une élection présidentielle, a glissé un bulletin Marine Le Pen dans l’urne. Fabien fait partie des 650 000 primovotants de moins de 25 ans au scrutin d’avril-mai. Mal connus, ces puceaux des urnes – beaucoup plus intéressés par la politique que les fins experts ne l’affirmaient – ont été à l’origine d’un des plus grands tsunamis de la présidentielle. En mars 2012, l’Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes (Anacej) publie les résultats d’un sondage auprès des primovotants. Stupeur et tremblements !
Certes, avec 31 % des intentions de vote des 18-22 ans interrogés par l’Ifop, François Hollande vient largement en tête. Mais Nicolas Sarkozy ne recueille que 21 % des intentions de vote, battu par Marine Le Pen (23 %).
Mikaël Garnier-Lavalley, délégué général de l’Anacej, se souvient : «Même si nous savions que Marine Le Pen accrochait auprès des jeunes, un pareil score nous a totalement surpris.»
Verdict définitif, au lendemain du premier tour de la présidentielle : 18 % des 18-24 ans ont voté pour la candidate FN (7 % de la même tranche d’âge s’étaient prononcés pour son père en 2007). Une percée fulgurante.
Pour Jean-Philippe Refray, membre du comité de direction de l’Anacej, c’est la confirmation de ce qui remontait de façon fragmentée de ses équipes de terrain. Le directeur général de l’Office de la jeunesse de Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais), commente : «Mon fils me racontait que certains de ses camarades de terminale S étaient ouvertement en faveur du FN.»
Au point que, dans le milieu du théâtre – pas vraiment à droite –, des élèves de première année du célèbre cours Florent, à Paris, ne se privent pas de dénoncer le «trop d’immigrés». Fabien n’est pas le seul diplômé du supérieur à avoir voté pour la présidente du FN. Là est la véritable surprise.
Suite du dossier sur Marianne (6 pages au total).
Merci à Alésia