Pierre Moscovici s’est déclaré jeudi favorable à ce que le Qatar, allié privilégié de Paris dans le monde arabe, joue un rôle d’investisseur stratégique dans l’économie française. Invité d’Europe 1, le ministre de l’Economie et des Finances n’a pas voulu commenter directement une information d’i>télé selon laquelle l’Etat et la Caisse des dépôts négocieraient avec le riche émirat du Golfe pour qu’il investisse dans l’économie française par le biais de la Banque publique d’investissement.
“C’est bien trop compliqué pour que j’en parle maintenant” a-t-il dit, ajoutant cependant qu’il considérait avec intérêt la volonté manifestée par le Qatar d’investir en France. “Si le Qatar veut jouer un rôle, en partenariat avec l’Etat français, d’investisseur stratégique, utile, créateur d’emploi, alors nous sommes prêts à regarder ça” a-t-il dit. “On en parle. J’ai moi-même rencontré des émissaires du Qatar la semaine dernière.”
Le Qatar, qui s’intéresse de plus en plus à l’économie française, a déjà décidé d’aider les banlieues défavorisées à y créer des entreprises en contribuant à un fonds approuvé par le nouveau gouvernement socialiste. Le gouvernement de gauche a concrétisé ainsi un projet lancé sous Nicolas Sarkozy fin 2011 mais mis en sommeil à l’approche de la campagne électorale, sous la pression de l’extrême droite qui en faisait un cheval de bataille en dénonçant un supposé risque “d’islamisation.”
L’émergence dans la vie économique et publique française de cet Etat du Golfe, grand comme une département français mais aux moyens financiers quasi illimités, ne cesse de se confirmer. Il détient via des fonds souverains des parts dans Lagardère, Vivendi, Vinci, Veolia, Total, ou LVMH et possède de nombreux hôtels de luxe. Il a acquis une grande partie des droits de retransmission du championnat de Ligue 1 de football avec ses chaînes beIN Sport et a racheté le club du Paris Saint-Germain, le dotant d’une pléiade de stars à coups de millions.
Sur le plan diplomatique, il a appuyé la France et ses alliés dans l’intervention militaire qui a abouti au renversement du régime du colonel Kadhafi en Libye.
Plus mesurées que sous Nicolas Sarkozy, les relations entre le Qatar et la France restent cordiales avec François Hollande, avec de premières rencontres à haut niveau en juin dernier.
Nouvel Obs