Le témoignage de Rod, agressé à Nice en mars dernier pour avoir simplement refusé une cigarette.
Les stigmates de cette violence qui, pour un rien, s’abat parfois au hasard d’une mauvaise rencontre, Rod les porte sur le visage : « Deux cicatrices de 4 et 10 cm », précise-t-il. Comment, dès lors, pourrait-il oublier cette nuit de mars dernier ? […]
Les trois jeunes se sont approchés de la portière de Rod pour demander une cigarette.« J’ai dit que je n’en avais pas. Et c’est parti. Comme ça. A coups de poings, de pied et de lame de rasoir. À travers ma vitre baissée. Je n’ai rien vu venir. J’ai bien tenté de démarrer. Mais j’ai calé. Alors, avec mon copain, on est sorti pour leur faire face. La bagarre a fini cinquante mètres plus bas. Ils n’étaient plus trois, mais cinq contre nous. Mon ami était KO. Ils continuaient à le tabasser à même le sol. Il a failli perdre un œil. Moi, la vie. Sans l’os maxillaire, j’aurais eu la carotide tranchée. Tout ça pour rien. »
Rien de plus qu’une cigarette refusée. Et la vie de Rod a basculé en six petites minutes. « C’est le temps qu’a duré notre agression sur les images de vidéosurveillance… Une éternité en vrai », souffle ce Niçois de 29 ans.
« Pas facile de trouver un boulot avec ma gueule »
Cette histoire n’a pas fini de le hanter. Comme la mort qu’il a frôlée : « Le plus dur, c’est de me dire que j’ai failli mourir… Et puis il y a mon boulot. J’étais coach sportif. Je venais d’ouvrir ma salle. Il a fallu que je laisse tomber. Il me reste les dettes. » Et ces deux cicatrices sur le visage.
« Pas facile de trouver un emploi avec cette gueule. Un jour, un gamin de 10 ans m’a demandé si je sortais de prison. Je me suis dit “Voilà l’image que tu renvoies”. Les séquelles physiques de mon agression, je vais les garder toute ma vie. »
Rod a finalement pris « perpète ». Ses agresseurs, eux, ont écopé de six mois à cinq ans de prison. […]
Nice Matin