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Ces deux hommes ont accepté de témoigner à condition de conserver l’anonymat. Le premier a 48 ans et, depuis trois mois, gère L’Annexe, établissement à proximité duquel ont été tirés, dans les premières heures de samedi, deux coups de feu contre une voiture où se trouvaient alors quatre hommes. Appelons-le Pascal. Le second individu que nous avons pu rencontrer hier était l’un d’eux. C’est un professionnel de la sécurité. Appelons-le Jacques.
Jacques raconte : « Tout se passait normalement ce soir-là. Samedi, vers trois heures du matin, j’ai vu un client qui buvait son verre sur la piste de danse. Puisque c’est interdit, j’ai été le voir pour lui expliquer. Il a un peu reculé mais n’est pas vraiment sorti de la piste. Je lui ai à nouveau demandé de s’écarter et le ton a commencé à monter. Je l’ai amené vers le hall d’entrée de la boîte. Il y avait trois vigiles à ce moment-là. Le mec s’est un peu échauffé, ça a un peu crié. Il ne comprenait pas qu’on refuse qu’il consomme sur la piste de danse. Mais j’insiste là-dessus : aucun coup n’a été donné.
Et puis une tierce personne – qui était avec ”l’homme au verre”, celui qui ne voulait pas partir – est arrivée dans le hall. Il voulait aider son ami et a directement poussé un des videurs. Alors on les a agrippés et on les a sortis tous les deux. Et l’ami de ”l’homme au verre” a dit en sortant : ”J’arrive dans deux minutes”. Je venais d’avoir Pascal au téléphone, il entendait que ça criait un peu mais je lui avais dit que ce n’était pas la peine de venir, que ça allait rentrer dans l’ordre.
Après, la soirée n’était pas finie, mais j’ai décidé de rentrer. Un videur est venu avec moi. Deux amis à nous – qui n’étaient pas des employés – étaient arrivés et on s’est retrouvés tous les quatre dans la voiture. On était en train de démarrer quand on a vu une voiture arriver à notre hauteur. Le conducteur de ce véhicule est sorti, est allé prendre quelque chose dans son coffre. On a vite compris. Je me suis couché sur mon siège sans chercher à comprendre et les autres aussi. Je crois que deux coups ont été tirés.

Une balle a explosé le pare-brise arrière, est passée entre nous quatre avant de sortir par le pare-brise avant. On a eu beaucoup, beaucoup de chance. Après, on est partis direct en accélérant à fond. On a été directement au commissariat de Sedan.

Et les policiers sont revenus avec nous devant la boîte pour les premières constatations. »
« Celui qui nous a tiré dessus ? C’est celui qui était venu aider son ami dans le hall de la boîte. Je ne le connaissais pas avant cette soirée. Il avait commandé une bouteille dans la boîte, l’air bien élevé d’après ce qu’on m’a dit. Dans la voiture qu’il conduisait avant de nous tirer dessus, il était avec un passager qui est resté passif. Lui, je ne l’ai pas vraiment vu. Ce que je pense de tout ça ? Vous savez aujourd’hui, les gens n’acceptent plus rien de ce qu’on leur dit. »
A quelques centimètres près, Jacques – ou l’un de ses trois amis – serait donc décédé à cause à cause d’un verre d’alcool consommé sur une piste de danse par un client récalcitrant. De quoi méditer un instant sur les vertus de l’époque.
De son côté, Pascal, outre l’empathie ressentie pour ceux qui ont failli voir leur vie volée, regrette très amèrement « la publicité catastrophique donnée à la boîte par cette histoire. Si je suis énervé, frustré ou déçu ? Tout ça à la fois, sans doute ». Non sans franchise, il confie avoir accepté notre rendez-vous « pour montrer que je n’ai rien à cacher, que ça n’a rien à voir avec une histoire de drogue ou je ne sais quoi ». Et finit par lever les bras en signe d’impuissance : « Franchement, c’est pas possible ! Comment peut-on imaginer qu’un incident comme ça, aussi banal, puisse dégénérer à ce point ? » On n’a pas su quoi lui répondre.
L’Union

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