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Dans la langue française, les expressions contenant le mot noir sont souvent négativement connotées. Tentative d’éclairage sur un lexique hautement sensible.

Les expressions dans la langue française qui donnent une connotation négative au mot noir accompagnent notre quotidien.
Les exemples sont nombreux: travail au noir, journée noire, je suis noir (pour je suis malchanceux), être noir de colère, noircir le tableau, humeur noire, idées noires, bête noire, regarder d’un œil noir, magie noire, la liste est longue…

A tel que point qu’il devient légitime de se poser la question de savoir si elles n’ont pas une conséquence sur la manière de percevoir les personnes de couleur noire.

Comment en est on arrivé à cette réalité quand on sait que, dès l’Antiquité, la couleur noire était synonyme de solennité, de cérémonial, du respect et de prestige.
D’ailleurs, les règles et codes de la bienséance occidentale d’aujourd’hui tirent partie de cet héritage. Ils recommandent de mettre un costume sombre, pour ne pas dire noir, lors de cérémonies officielles.
Dans le christianisme, le noir n’a pas toujours été la couleur du deuil. Elle ne l’est pas dans l’Islam.
Sur les débuts du glissement sémantique, les historiens divergent mais le datent au Moyen-Âge.

«Le statut péjoratif du noir n’a guère changé depuis le XIIIe, lorsque cette couleur est associée pour la première fois au diable, comme en témoigne les nombreuses représentations iconographiques du haut Moyen-Âge. Ainsi, dès que le mot “nègre”, d’origine ibérique, est adopté par le français au tout début du XVIe, on l’utilise pour faire référence à Satan, dénommé ainsi le Grand Nègre», écrivait Léon-François Hoffmann dans Le nègre romantique: personnage littéraire et obsession collective, paru en 1973 à Paris, Ed. Payot.

Pour William B. Cohen, dans son œuvre majeure, Français et Africains. Les noirs dans le regard des blancs, (éd. Gallimard, Paris, 1981), c’est au début de la traite négrière que les auteurs français ont continué ce processus pour légitimer l’immoralité, le manque d’âme ou encore l’inhumanité du noir.
Il reprend des citations de philosophes dits des Lumières comme Voltaire ou encore Montesquieu sur les Africains et leur couleur de peau. (…)
Slate Afrique

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