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Depuis sa naissance, les thèses du Front national sont combattues.Interview de Nonna Mayer, du centre d’études européennes de Sciences Po-CNRS, qui fait le bilan de “40 ans de lutte”.

Le Front national est devenu le principal repère politique négatif d’une partie de la jeunesse, en particulier chez les enfants d’immigrés. […] Mais le stigmatiser ne suffit évidemment pas à le battre.
Le Front national fête vendredi 5 octobre ses 40 ans d’existence qui coïncident avec autant d’années de lutte et de mobilisation. Quel bilan peut-on en faire ?
Ca dépend ce qu’on appelle “lutter” contre le Front national. A travers toute l’Europe, depuis près de 30 ans, prospèrent des partis de droite dite extrême, radicale, populiste et tout un tas de stratégies ont été élaborées contre eux. […] >La stigmatisation a-t-elle été profitable au Front national ?
Toutes ces actions ciblées contre un parti perçu “pas comme les autres”, le FN, ne marchent pas nécessairement et peuvent avoir des effets pervers. Le problème ce n’est pas seulement le Front national, c’est pourquoi il se développe. Donc la véritable stratégie payante consiste à s’attaquer aux causes, à proposer une solution politique, et ça, c’est beaucoup plus difficile. […] Si l’on se situe dans le combat contre les idées d’extrême droite tel qu’il était dans les années 90, contre qui aujourd’hui seraient-ils dirigés ? Plutôt contre le Bloc identitaire, le FN ou plutôt contre la droite populaire ?
– Contre les trois. Il faut se battre contre les idées. La vraie force du Front national c’est de faire passer ces idées dans le débat national, notamment dans le climat actuel. On est dans un contexte de crise économique, post printemps arabe, qui fait peur. […] Lors de son université de rentrée, Marine Le Pen a déclaré que le Front national était maintenant un parti de gouvernement…
Elle va un peu vite en besogne. Il y a encore une majorité de Français qui sont encore totalement réfractaires, qui y voient encore un danger pour la démocratie, et il n’y a qu’une minorité, de l’ordre d’un tiers, qui considère que c’est un parti capable de gouverner ou de participer à un gouvernement.[…] Si Marine Le Pen veut arriver au pouvoir, il faut qu’elle se «déradicalise» encore un peu plus. Qu’elle soit plus claire sur la préférence nationale.[…] Le Nouvel Obs

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