Dans notre vie publique, les dangers du communautarisme sont aisément soulignés, et avec la force de l’évidence : soumission des individus au groupe et à sa loi, domination masculine, risques de violence entre communautés, mise en cause de la démocratie, du droit, de la raison.
Les risques qui procèdent d’un nationalisme échevelé, d’extrême droite, justifient des inquiétudes du même type : fermeture du pays sur lui-même, appel à l’homogénéité et à la pureté du corps social, tentation du recours à la violence.
Communautarisme et nationalisme constituent les deux faces d’une même médaille, l’une minoritaire, l’autre majoritaire.
Réelle ou fantasmée, la menace, communautaire comme nationaliste, est généralement localisée du même côté dans les commentaires et analyses, située alors dans l’espace de la tradition et des valeurs particulières, en opposition au progrès et aux valeurs universelles.
Depuis près d’un demi-siècle, pourtant, nous nous interrogeons et apprenons à penser autrement la modernité en considérant les particularismes qui s’expriment dans la vie sociale, et qui ne sont pas tous nécessairement facteurs de communautarisme et de rejet des valeurs universelles.
Le multiculturalisme est apparu dans les années 60 comme une réponse possible à cet enjeu. (…)