Sébastien (le prénom a été changé) est fonctionnaire de police depuis plus de dix ans au sein de la brigade anti-criminalité de Grenoble. En 2010, des émeutes avaient éclaté dans le quartier de la Villeneuve et des mesures ont été prises pour le quartier. À lire le témoignage de ce policier, elles n’ont pas suffi et la situation ne cesse d’empirer.
Dans tous les cas, l’appât de l’argent est trop fort. Ils partent en vacances à Dubai, investissent à l’étranger, roulent dans des voitures immatriculées en Allemagne. À cela s’ajoute une haine de tout ce qui représente l’institution et la France en général. C’est un très gros problème.
>La plupart des jeunes impliqués goûtent au bizness. » Ils sont en échec scolaire. Ils squattent en bas des immeubles, se baladent au centre commercial, commettent un ou deux vols avec violence de temps à autre, et trempent dans le trafic de stupéfiants. C’est de la moyenne délinquance. […]
Le bizness leur rapporte beaucoup d’argent. Ils voient leurs parents se tuer à la tâche pour un salaire de misère, alors, le calcul est vite fait. Ils préfèrent empocher 6 000 euros par mois pendant quelques mois et faire deux ans de prison. Le jeu en vaut la chandelle, d’autant que la justice ne les condamne pas, ou peu. Elle contribue ainsi à repousser leurs limites. […]
Les parents sont une des clés pour enrayer la progression de la violence dans le quartier. Certains sont de moins en moins présents dans l’éducation de leurs enfants. D’autres ont même complètement abandonné. Ceux qui essayent se retrouvent vite démunis. Et puis il y a aussi ceux qui profitent de l’argent du trafic. Lorsque nous embarquons leurs enfants à l’hôtel de police, c’est nous qu’ils pointent du doigt. Le respect de l’institution n’est plus inculqué dès le départ. […]
À la Villeneuve, la délinquance a évolué de façon significative depuis dix ans. Elle s’est beaucoup rajeunie et radicalisée. Aujourd’hui, les premiers faits de délinquance y apparaissent vers 14 ou 15 ans. […]
Le Point (Merci à DANY)