(…) Un concept chrétien, la laïcité ? On est certes en droit de le considérer, à l’instar de l’islamologue Bernard Lewis (1). Le christianisme des origines s’est construit contre les pouvoirs en place qui le pourchassaient au fond des catacombes, l’Église et l’État devenant par la suite deux entités distinctes.
Après des siècles d’Inquisition et de guerres de Religion, il a appris à se méfier de lui-même, alors que l’islam a combiné, dès le début, sous l’égide de Mahomet qui les tenait en main, le politique, le religieux, le spirituel et le militaire.
Mais ce n’est pas parce que la laïcité est exempte de racines musulmanes qu’il faut la laisser s’étioler chaque jour davantage par lâcheté ou laisser-aller. Elle est notre bien commun dans un monde que veulent mettre à bas nos djihadistes, les frères de ceux qui, au Mali, coupent les mains à tour de bras, au nom de la charia.
Sans doute l’islamisme est-il la dernière idéologie valide de la planète après l’effondrement du stalino-communisme et du national-socialisme qui ont transformé en charnier notre affreux XXe siècle. Il en a les méthodes totalitaires et les maniaqueries antisémites.
Certes, l’islamisme n’a pas tué autant de monde que les autres, loin de là : si on les compare aux industriels de la mort nazis, staliniens ou maoïstes avec leurs dizaines de millions de victimes, les psychopathes de l’intégrisme ne sont encore que de petits artisans. Mais ce n’est pas l’envie qui leur manque. Ils n’ont simplement pas les moyens de leurs ambitions. (…)
Le Point