Hier, dans le box du tribunal correctionnel de Draguignan, Abdelkrim Alili a eu un cri de surprise incrédule en s’entendant condamner à cinq ans de prison ferme. C’était très exactement la peine requise par le procureur Pierre Gagnoud, pour sanctionner le comportement fou qu’avait eu au volant ce mécanicien de 60 ans, le 17 septembre dernier, à Saint-Maximin, lors d’une course-poursuite avec les gendarmes.
Ceux-ci ont expliqué au tribunal qu’ils avaient voulu contrôler cet automobiliste, parce qu’il ne portait pas sa ceinture de sécurité. Il a ignoré leurs injonctions, se lançant alors dans un rodéo dans les ruelles du centre-ville,
roulant sur les trottoirs au risque de heurter des piétons, empruntant des rues en sens interdit
ou en marche arrière, percutant des murs et des voitures en stationnement.
Par peur
Deux gendarmes ont affirmé qu’après l’avoir acculé dans une ruelle, il leur a délibérément foncé dessus, sans les accrocher.
L’un d’eux a alors dégainé son arme, et tiré neuf balles en visant les pneus.
Abdelkrim Alili ne s’était pas arrêté pour autant, roulant sur les jantes pour parvenir à échapper aux poursuites. La voiture, que lui avait prêtée un ami, avait été retrouvée quatre heures plus tard dans la campagne.
« Quand j’ai croisé les gendarmes, j’ai eu peur parce que je n’avais pas mon permis. Et c’est tout, a expliqué le prévenu.J’ai roulé tout doucement. Je n’ai touché personne. Même un chien, je l’aurais évité. Quand il a tiré, là oui, j’ai essayé de m’enfuir. Mais je n’ai jamais tenté d’écraser le gendarme. » Pour le procureur, il s’agissait d’une affaire d’une gravité exceptionnelle. « Les gendarmes étaient dans une situation de légitime défense. Ils auraient même eu le droit de tirer dans le pare-brise. »
En défense, Me Aline Meurisse a préféré voir dans ce comportement « un geste de désespoir, de la part d’un homme dont le casier judiciaire est resté vierge pendant cinquante-huit ans. Toute sa vie il a travaillé en France. Il a perdu sa femme, son garage, son logement, et on voulait en plus lui prendre son permis de conduire ».
De fait, Abdelkrim Alili n’avait que deux condamnations récentes à son casier
, infligées au mois d’août dernier, pour refus d’obtempérer à Saint-Maximin et conduite malgré l’annulation de son permis de conduire, dont il avait perdu tous les points.
Var Matin