Une chaussette, tout le monde connaît. Ou croit connaître. Car, pour les dealers, la chaussette désigne aussi le contenant qui sert à cacher de la drogue. Parfois, la chaussette au propre et la chaussette au figuré ne font qu’une.
C’était le cas hier, mais ça n’a pas pour autant simplifié les débats devant le tribunal correctionnel.
Il faut dire que le prévenu, Jocelyn Sintie, 26 ans, n’a rien fait pour clarifier les choses. Mercredi, il est interpellé par les policiers à son domicile du boulevard Marat à Saint-Eloi. Ils soupçonnent le jeune homme originaire de Guyane de trafiquer de la cocaïne.
Lors d’une précédente perquisition, en mars dernier, ils avaient trouvé dans un placard des communs de l’étage où il réside une chaussette contenant 27 g de cocaïne.
Depuis, les résultats ADN ont parlé: la génétique trahit Jocleyn. C’est son ADN qui est sur la chaussette et sur la drogue.
La nouvelle perquisition permet de retrouver une balance de précision, portant des traces de cocaïne, et du bicarbonate de soude. Il sert soit à couper la coke soit à la transformer, selon la “recette”, en crack.
Aux policiers, Jocelyn sert une version peu crédible. La balance, il l’a trouvée sur un terrain de foot. C’était déjà le cas pour une première balance saisie chez lui par les policiers en mars!
Quant à la drogue, il ne sait pas d’où elle peut bien venir. D’ailleurs, la drogue lui est étrangère. Il ne parle même pas d’en consommer. Sauf hier, brutalement, à l’audience, il annonce tout à trac qu’il consomme depuis un an. Et pas des petites quantités: 3 g. Tout le monde sourit. La diversion fait long feu.
Les explications sont tout aussi fumeuses concernant le bicarbonate. « Il se boit. C’est pas du bicarbonate de France! », commente Jocelyn. « Il vient de Hollande. » Un ange passe…
Jocelyn finit par reconnaître que la chaussette lestée de stups était bien la sienne… mais pas la drogue qui s’y trouvait!
Le procureur, Éric Virbel, juge « ridicule » l’attitude du prévenu à la ligne de défense si déconcertante.
A deux reprises le jeune homme a fait l’objet de poursuites pour des affaires liées à la cocaïne. Deux condamnations sont déjà tombées.
Là, le procureur requiert dix-huit mois de prison ferme et le mandat de dépôt pour l’achat, la détention et le transport de drogue en récidive.
Le défenseur de Jocelyn, M Coche, a tout fait pour que son client s’explique clairement. « Il a reconnu des choses. Il a fait du chemin. C’est comme les pèlerins en marche vers Compostelle. Ils n’arrivent pas forcément au bout, mais ils peuvent bénéficier des bonnes grâces. »
Jocelyn n’est pas gracié. Il est bel et bien condamné et il part en détention. Mais pour une durée ramenée à un an.
Centre Presse
