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Au bar de la Mairie, sur la Grand Rue, les propos sont plutôt désenchantés. A entendre les clients, la meilleure période de Florange, c’était “avant les années 80”. Il y avait alors “dix fois plus de cafés qu’aujourd’hui, plein de magasins, une mercerie, un salon de thé, et même un hôtel ! Tout ça, c’est fini…. Tout est mort. Longwy, c’est encore pire. Il n’y a que Thionville qui tient le coup”.
[…] L’époque a changé. Ce n’est plus la même affluence, plus les mêmes recettes. Autour du bar, face à une chope de bière ou un kir, les propos sont amers. “On ne va rien toucher, quand on sera à la retraite”, dit l’un, un habitué. “Tu feras comme les autres, tu iras voir l’assistante sociale !”, rétorque l’autre, avant de planter sa banderille : “Mais tu as intérêt à être arabe ou rom. Eux, la mairie les aide. Les Français, non…”
Quelques centaines de mètres plus loin, Salam Burger ouvre ses portes. C’est l’un des sept troquets arabo-musulmans implantés dans la ville. Les Florangeais surnomment ces petits fast-food “les kebabs”, en tordant un peu le nez… Il est midi. La télévision, fichée dans le mur, retransmet en direct le pèlerinage de La Mecque. Sur l’écran, des milliers de pèlerins tournent en boucle autour de la Kaaba. Autour des tables de formica, l’atmosphère est amicale, tranquille. Les clients ne paraissent pas gênés par les psalmodies. Ils sont d’origine maghrébine pour les trois quart d’entre eux.


Entrent deux blondinets, cartables dans le dos. Des ados, qui sortent de l’école voisine. Rapide coup d’œil sur la carte affichée au dessus du comptoir. Il y a le “bled burger”, le “salam burger” bien sûr, et quantité d’assiettes de kebab-poulet-salade. Les deux adolescents passent leurs commandes, avant de s’attabler, détendus, sous le poste de télévision. Quelques minutes plus tard, on entend le serveur, Ahmed, crier affectueusement, du fond de sa cuisine : “Eh, les Anglais, vos assiettes sont prêtes !” […]
Le Monde (Merci à Joyeux luron)

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