Le film de Moussa Touré, évoque l’émigration africaine dans un drame de la mer. Un beau film sobre et intense.
Dans un petit village de la côte sénégalaise, dans la banlieue de Dakar, Baye Laye est capitaine d’une pirogue de pêche. Nombre de ces embarcations traditionnelles, étroites et profondes, décorées de motifs polychromes, qui ne sont évidemment pas faites pour de grandes traversées, servent aujourd’hui à transporter des candidats à l’émigration jusqu’aux îles Canaries, territoire espagnol. Baye Laye se voit contraint de prendre à son bord une trentaine d’hommes (et une femme) décidés à quitter l’Afrique. […]
Un beau film, sobre et intense, qui met aux prises les hommes et les éléments, oppose la fragile embarcation abritant un concentré de drames humains à l’immensité de la mer, du ciel, et de l’inconnu. Bientôt, il devient évident qu’ils ne pourront arriver au bout du voyage. Il faut choisir entre se laisser dériver vers le large avec l’espoir d’être recueilli par un bateau ou tenter de revenir. Des rivalités éclatent. Une terrible tempête se déchaîne. Il y aura des morts. Les survivants se retrouveront aux Canaries, nantis d’un sandwich et de 200 euros pour le retour. Tel est le prix de leur bravoure, qu’ils reçoivent avec une amère dignité.
Moussa Touré filme avec puissance et élégance, dans des éclairages splendides. Il offre à ses personnages la grandeur qu’on ne leur reconnaîtra pas, à leur triste aventure la dimension héroïque d’une de ces histoires de la mer pleines de silence et de lutte.