Alors que Jean-François Copé — engagé dans une campagne très droitière pour prendre la présidence de l’UMP —, martèle à tout bout de champ qu’il n’y aura « jamais, jamais d’alliance avec le Front national », voilà une initiative locale qui tombe mal. Une association, Ligne droite, vient de voir le jour sur ses propres terres, en Seine-et-Marne, pour promouvoir des alliances électorales entre l’UMP et le FN. « C’est la solution que tout le monde pense tout bas, sans oser le dire tout fort », assure Alain Pérez, le président de ce « cercle de réflexion » qui revendique déjà 200 adhérents, dont des membres de l’UMP.
Cet ancien commissaire de police, ancien membre du Chêne, le club de Michèle Alliot-Marie, est convaincu que ce rapprochement est la condition des succès de la droite : « A la dernière présidentielle, Nicolas Sarkozy fait 10 millions de voix et Marine Le Pen 6,5 millions. Si on fait les calculs, on voit que la réunion de ces forces peut permettre de battre la gauche. » Pour Ligne droite, les discussions avec le FN ne doivent donc plus être taboues. « Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas un parti antirépublicain, sinon il serait interdit », assure son vice-président Sébastien Chimot… aussi conseiller national UMP! « Ça fait cinq ans que la droite perd toutes les élections, il y a un moment où il faut revoir notre stratégie », renchérit-il, prenant le risque d’être exclu de son parti.
Quel crédit donner à une telle initiative, pour le moment circonscrite à la Seine-et-Marne ? « Ça reste très marginal. Mais on se doute bien que cette question des alliances va forcément revenir au moment des municipales », s’agace-t-on au siège de l’UMP, en prenant soin de rappeler que « Jean-François Copé n’a absolument rien à voir avec cette association, dont il ignorait jusqu’à présent l’existence ».
En juin dernier, au moment des législatives, plusieurs candidats avaient déjà clairement remis en cause l’existence du fameux cordon sanitaire. A l’image du député sortant de Gironde, Jean-Paul Garraud, qui avait évoqué des « convictions communes avec le FN » entre les deux tours des législatives, avant de perdre face au PS. Dans les Bouches-du-Rhône, le candidat UMP (éliminé au premier tour), Roland Chassain, avait lui aussi défrayé la chronique en appelant à voter au second tour pour le candidat FN contre le socialiste Michel Vauzelle. Et ce, contre les consignes de son parti.
Le Parisien