Chercheuse à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo), Zahra Ali réalise une thèse à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et s’est spécialisée sur les questions de genre, d’Islam et de politiques moyen-orientales. Elle analyse un mouvement encore méconnu en France : le féminisme musulman. Extraits.
Les lois contre le voile ont banalisé le racisme et dénaturé la laïcité, alors qu’elle est censée protéger la liberté de conscience. Je pense que le «problème musulman» vient en France dans un contexte de crise, une «panne sociale» qui empêche l’unité et la cohésion.
Et en France ?
Le féminisme musulman est seulement émergent en France. On compte deux sortes de militantes : les femmes «ré-islamisées», qui s’investissent dans des associations et pensent l’égalité dans un cadre islamique, et les femmes qui possèdent un héritage musulman et rejettent la vision féministe française. Pour l’instant, ces militantes n’adoptent que des positionnements de principe et font signer des pétitions sans réellement s’organiser.
Chez ces femmes, on sent une critique du féminisme occidental, qui est anti-religieux. En effet, les récentes lois françaises , notamment celle sur le voile, visant directement les musulmanes encouragent le repli communautaire. Dans les mosquées, on constate une radicalisation par rapport à la société française. Le racisme encourage l’intégrisme, et les femmes en paient le prix ! Il devient de plus en plus difficile d’aborder les questions féministes dans un milieu qui se ferme à tout ce qui est perçu comme occidental. […]
La Vie