Fdesouche
Crise, catastrophes, prophétie de fin du monde : l’actualité alimente les peurs et les Français, comme les Allemands ou les Américains avant eux, commencent à stocker de la nourriture très longue durée, un business florissant pour les sociétés qui s’en sont fait une spécialité.

C’est la demande qui nous a fait ouvrir notre plate-forme il y a un an“, explique Ariane Pehrson, directrice d’une société spécialisée dans la vente sur internet de nourriture lyophilisée d’une durée de vie de 10 à 25 ans.

“Crise, Fukushima, changement climatique, voire fin du monde, les inquiétudes sont diffuses mais réelles. Les gens veulent prendre leurs précautions, au cas où, et les forums fleurissent sur internet”.

Basée à Lorient (Morbihan) la société qui importe notamment ses produits d’Allemagne, de Norvège et du Royaume Uni, a vendu “85.000 repas individuels conditionnés en un an, dont 40% destinés au stockage”, à raison de 4,50 euros à 6,50 euros l’unité.

Nous étions déjà spécialisés dans la vente de nourriture longue durée (deux à cinq ans) pour des activités type voile, montagne, lorsque nous avons commencé à recevoir des appels et des mails de toute la France. Il ne s’agissait plus de s’approvisionner pour une randonnée à vélo en Islande“.
Farine à base d’avoine ou d’épeautre, gâteaux secs hautement énergétiques, œufs brouillés ou risotto aux légumes déshydratés : “c’est un nouveau créneau pour nous en France et nous avons des demandes depuis environ 18 mois“, confirme Nathalie Joubert, responsable marketing de Katadyn France.
Ce groupe suisse-allemand, spécialisé dans les kits de survie en milieu hostile et numéro un mondial de systèmes de purification d’eau, commercialise via la marque Emergency Food des plats lyophilisés fabriqués par sa filiale allemande Trek’n Eat.
“Survivalisme”
Nous avons de plus en plus de demandes pour des packs de nourriture de 1 à 12 mois (de 290 euros à 3.490 euros). Les rations sont de 1.200 calories/jour“, note Mme Joubert. “Les gens stockent par peur d’une pénurie, d’une catastrophe naturelle, un peu comme le faisaient nos grand-mères, ou par peur du climat économique, d’une catastrophe nucléaire ou pire“, explique-t-elle, se défendant de “vendre de la peur“.
Ce phénomène, qui s’est répandu depuis les années 70 aux États-Unis, a commencé il y a environ cinq ans en Allemagne et au Royaume Uni, dit-elle. “En France nos ventes ont doublé en un an“, ajoute-t-elle.
Au Royaume Uni, Diana Morris est à la tête de Mountain House, filiale de la compagnie américaine du même nom, deuxième plus gros fournisseur en Europe avec Katadyn.
Nous avons du mal à faire face à la demande. Les ventes augmentent de 200 à 300 % chaque année“, dit-elle, sans toutefois préciser son chiffre d’affaires.
Notre marché français a commencé il y a un an. J’imagine que les Français pensaient qu’en cas de coup dur le gouvernement allait les aider, les Anglais ont pris les devants bien avant“, s’amuse-t-elle, expliquant le phénomène par “des peurs difficiles à relier à un événement précis” et “une inquiétude générale véhiculée par l’actualité“.
Sur internet, les adeptes du “survivalisme” – né aux États-Unis après le premier choc pétrolier – prodiguent leurs conseils d’achat et de conditionnement de nourriture, lyophilisée ou pas. Sur le forum Olduvaï , l’un d’entre eux dit avoir testé “des stocks déclassés de la Bundeswehr” achetés sur e-bay, “au format ramette A4”.
RTL

Fdesouche sur les réseaux sociaux