(…) Le poids culturel et religieux du christianisme en France – dont la stricte laïcité est un fruit paradoxal – empêchera pour longtemps l’islam et sa culture de donner le ton dans l’Hexagone, même si le développement de cette religion y est spectaculaire. Un basculement religieux, silencieux et peu visible, est néanmoins en train de se produire en terme de «pratique» religieuse.
S’il est toujours délicat de comparer la pratique religieuse entre des cultes et des croyances aussi différentes que l’islam et le catholicisme, il apparaît que cette première religion en France demeure encore à cette place, mais pourrait passer au second rang. En termes de «pratique» et non sur le plan de la culture et de l’influence. Et ce, dans un avenir proche, deux ou trois décennies.
En France, on peut estimer aujourd’hui que en données absolues, pour un musulman pratiquant, il y a trois catholiques pratiquants.
Mais si l’on approfondit l’analyse, il apparaît que ce rapport tend à s’inverser d’une façon inéluctable car il est inscrit mécaniquement dans la démographie.
Si l’on compare la seule fréquentation de la mosquée le vendredi (sans prendre en compte la pratique du ramadan, souvent culturelle, donc beaucoup plus importante) et la pratique dominicale catholique, les éléments de cette évolution sont limpides:
– 65 % des catholiques pratiquants ont 50 ans et plus ;
– 73 % des musulmans pratiquants ont moins de 54 ans. (…)
Le Figaro