Depuis mardi dernier, le courroux du maire de Dieuze n’a fait que grandir. Jusqu’à exploser vendredi soir devant la sous-préfecture du Saulnois. Avant la fin de journée d’hier, rien n’était venu calmer ses craintes générées suite à l’annonce faite que les services préfectoraux envisageaient de loger à Dieuze une partie des 369 demandeurs d’asile issus des pays des Balkans (Albanie), installés pour l’instant dans un camp de fortune aménagé au cœur de la forêt jouxtant le quartier de Metz Belle-Croix.
Le lendemain, d’une manière trop discrète pour ne pas être soupçonnée de sournoiserie par le premier magistrat dieuzois, ces derniers ont prospecté dans les bâtiments du quartier militaire. Car là, la dénommée « colonie des officiers », est restée vacante depuis le transfert vers Pau du 13 e Régiment des dragons parachutistes. Il est ressorti de cette visite que treize appartements pourraient servir à héberger ici plusieurs familles de Kosovars jusqu’à ce que les instructions de leurs demandes d’asile aboutissent. Charge supplémentaire à laquelle a voulu fermement s’opposer le maire de la localité, jugeant que celle résultant de la perte du régiment était assez lourde en elle-même. « Je suis l’un des seuls dans le Saulnois à prendre des risques pour entretenir le dynamisme local, considère l’élu. Je veux bien contribuer à l’effort collectif mais il faut qu’on m’aide, pas qu’on m’enfonce. Pourquoi ne pas demander à des communes qui ne font rien en ce sens d’y participer en accueillant ces familles démunies ? Les efforts ainsi partagés seraient mieux compris et acceptés par les uns et les autres. »
Vendredi soir, lors d’une réunion publique animée par le maire, plus de 350 esprits protestataires se sont encore échauffés. Allant pour certains jusqu’à tenir des propos, sinon répréhensibles par la loi, au moins choquant à l’oreille des défenseurs des droits de l’Homme.
Réclamée au balcon de la résidence, Dominique Consille, surnommée alors la sous-préfète aux Balkans, n’a pas reçu les protestataires. Les gendarmes n’ont pas eu à faire usage de la force. Les manifestants se sont dispersés après avoir bloqué plus d’une heure durant la circulation dans le chef-lieu. Il semble pourtant que la colère et la peur des Dieuzois aient déjà été entendues.
La directrice de cabinet, lui, assurait hier soir qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Le Préfet de Région a accepté de recevoir l’élu mardi matin. Ce dernier qui ne s’en laisse plus compter depuis la signature du contrat de redynamisation des sites de défense (CRSD) n’a pas pour autant annulé l’entretien prévu lundi soir entre les élus dieuzois et le député-maire de Sarrebourg, Alain Marty, dans le but de s’assurer de son soutien.
Républicain Lorrain
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