L’affaire de la mosquée de Poitiers marque probablement une étape importante dans le processus en cours d’affermissement du totalitarisme immigrationniste.
Il faut féliciter les auteurs de cette action d’éclat, qui rappelle d’une certaine manière la manifestation d’étudiants place de l’Étoile le 11 novembre 1940, considérée comme le premier acte de résistance à l’occupation allemande. Certes les manifestants de Poitiers, à la différence de leurs devanciers parisiens, ne mettaient pas leur vie en jeu : ils risquent néanmoins de sérieux ennuis judiciaires et de vie quotidienne.
Il convient de rappeler les faits : dans la matinée du 20 octobre 2012, une centaine de personnes membres du groupe politique Génération identitaire se sont installées pendant cinq heures sur le toit de la mosquée en construction de Poitiers. Ils y ont déployé trois banderoles : « Immigration, construction de mosquées : référendum » ; « Souviens-toi Charles Martel » ; « Génération identitaire 732 ». Des slogans sur ces mêmes thèmes ont été lancés à l’aide d’un haut-parleur. Les manifestants ont quitté les lieux dans le calme vers 13 heures à l’arrivée de la police. Il n’y a pas eu de violences. Une partie des manifestants ont été gardés à vue. Quatre d’entre eux ont été mis en examen.
Cette affaire illustre, nous semble-t-il, le constat suivant : nous sommes en présence en France d’un processus d’approfondissement du « totalitarisme soft » qu’est l’immigrationnisme (voir par exemple l’article du 17/01/10) :
- Une brutalité disproportionnée
La réaction des pouvoirs publics et de la classe dirigeante apparaît tout d’abord exceptionnellement vigoureuse.
Les plus hauts dirigeants de l’État ont pris position immédiatement et avec virulence. C’est ainsi que le Premier ministre, pourtant en déplacement en Asie, a déclaré le jour même : « Je condamne fermement cette provocation qui révèle une haine religieuse inacceptable » ajoutant que cet envahissement était « une agression contre la République et ses valeurs ». De même le ministre de l’intérieur a dénoncé « la provocation haineuse et inadmissible ». M. Valls a ajouté que « l’État fera preuve de la plus grande fermeté face aux manifestations d’intolérance qui déchirent le pacte social ». Plusieurs personnalités de gauche ont demandé la dissolution du mouvement Génération identitaire, notamment M. Désir, premier secrétaire du parti socialiste, et M. Mélenchon. La droite s’est prononcée dans le même sens. M. Borloo a ainsi déclaré : « Nous condamnons ces propos et ces actes qui sont des attaques ignobles contre notre République ».
M. Copé « condamne » lui aussi cette action, ajoutant : « La République laïque est la garante de la liberté de culte dans notre pays : elle ne peut tolérer aucune agression envers une religion, ni aucune forme d’intégrisme ». Les associations antiracistes et le représentant du Conseil Français du culte musulman (CFCM) ont eux aussi demandé la dissolution des groupes à l’origine de l’occupation de la mosquée.
Les manifestants ont été gardés à vue. Les leaders du mouvement ont ensuite été mis en examen en raison des divers faits qui leur sont imputés : organisation d’une manifestation non autorisée ; provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ; vol et dégradation de biens.
Les personnes mises en examen ont été placées sous un contrôle judiciaire strict, qui leur interdit notamment d’entretenir entre elles tout contact. Le mouvement Génération identitaire a pour sa part été menacé de dissolution. La dissolution permettrait de faire peser sur ses leaders une menace dissuasive : la reconstitution de ligue dissoute est en effet lourdement punissable.
La brutalité de ces réactions apparaît hors de proportion avec la manifestation telle qu’elle s’est produite concrètement : l’occupation s’est en effet déroulée sans violences ; les slogans et banderoles n’étaient pas injurieux ; les manifestants ont évacué les lieux dans le calme dès l’arrivée de la police.
- La politique du deux poids-deux mesures
Cette réaction virulente de la classe politique et des responsables gouvernementaux contraste avec l’attitude qu’ils adoptent à l’égard d’un certain nombre de faits ou de comportements ayant eux aussi un lien avec la question de l’immigration, de l’islam ou de la religion en général.
C’est ainsi que ces dernières années de nombreuses tombes chrétiennes ont été profanées (par exemple dernièrement en septembre à Goussainville ou à Albi en octobre). Des églises ont été visées par des actions hostiles (par exemple au cours de ce mois d’octobre 2012 trois églises ont été l’objet d’actes de vandalisme, à Marseille, Lyon et Carnac ; en septembre, selon des témoignages, une messe qui se déroulait dans une église de Dijon a été perturbée par un groupe de jeunes d’origine maghrébine ; en février 2011 un adolescent a jeté des cailloux sur les fidèles dans une église de Carcassonne au cours d’une messe).
L’espace public a été occupé par des prières de rue de façon illégale pendant des années dans plusieurs grandes villes. Les textes de rap comportent de très nombreuses déclarations haineuses et guerrières adressées à la police, à l’État et à la société française dans son ensemble. On peut rappeler également (comme vient de le faire Michel Onfray) que le Coran lui même, lu, appris et psalmodié par une grande partie des personnes originaires de l’immigration, contient de nombreuses proclamations hostiles et belliqueuses.
Dans la quasi-totalité des cas, ces manifestations ne donnent lieu à aucune réaction des pouvoirs publics. A l’inverse, les responsables gouvernementaux et la classe dirigeante se mobilisent fortement lorsque des tombes musulmanes sont profanées ou des mosquées taguées.
On peut également relever que les pouvoirs publics subventionnent des associations, dites antiracistes, favorables à l’immigration. Marine Le Pen a rappelé que des occupations d’églises organisées par des groupes de soutien aux immigrés clandestins n’avaient donné lieu à aucune demande de dissolution des associations en cause (par exemple au cours de ce mois d’octobre 2012 une église de Brest a été occupée par des clandestins soutenus par le Réseau éducation sans frontières ; en 1996 l’occupation de l’église St Bernard à Paris avait duré près de deux mois). On peut aussi noter que le gouvernement vient de supprimer du code pénal le délit d’aide au séjour irrégulier.
Dans le même temps, les pouvoirs publics envisagent la dissolution du groupe « Bloc identitaire ». Ils harcèlent depuis plusieurs années le blog Fdesouche, qui se consacre notamment à la mise en évidence des dangers de l’immigration massive et qui est l’un des blogs politiques les plus visités. La réaction des pouvoirs publics vis-à-vis de l’affaire de Poitiers s’inscrit dans cette logique : l’État et l’oligarchie ont choisi d’adopter, vis-à-vis des personnes et des groupes qui contestent la poursuite de l’immigration et dénoncent l’islamisation, une position partiale et déséquilibrée.
- Une mauvaise foi assumée
Il faut relever enfin que l’argumentation des pouvoirs publics et de la classe dirigeante concernant cette affaire de Poitiers est assise sur une particulière mauvaise foi.
Alors qu’ils réclament l’organisation d’un référendum, les manifestants sont ainsi accusés de représenter un danger… pour la démocratie. Les leaders de gauche (M. Désir et M. Mélenchon) ont dénoncé « les agissements violents de ce groupuscule fanatique » alors que l’occupation de la mosquée n’a donné lieu à aucune violence. Les personnes mises en examen sont notamment poursuivies pour dégradation de biens alors que ce qui peut leur être reproché consiste à avoir déplacé des tapis de prière et de les avoir exposés à la pluie (les tapis de prière n’auraient d’ailleurs pas dû se trouver là, la mosquée étant encore en chantier).
Dans le registre de la mauvaise foi notons également pour mémoire que les mêmes journalistes et commentateurs qui condamnent sévèrement l’occupation de la mosquée se mobilisaient il y a quelques semaines encore pour défendre les activistes russes Pussy Riot, poursuivis pour avoir manifesté dans une église au cours d’une cérémonie religieuse.
La manifestation de mauvaise foi la plus évidente est aussi la plus lourde de conséquences : les manifestants sont accusés d’avoir incité à la haine raciale. La classe dirigeante fonde ici son attitude sur un raisonnement qui constitue en réalité un sophisme : « l’incitation à la haine est prohibée par la loi ; or demander l’arrêt de l’immigration revient à inciter à la haine des immigrés ; le fait de demander l’arrêt de l’immigration doit donc être prohibé ». Au terme de ce syllogisme, l’opinion qui consiste à considérer que l’immigration est nocive et doit être interrompue est devenue un délit.
- La chasse au délit d’opinion
Afin de camoufler le fait qu’il se livre en réalité à une chasse aux délits d’opinion, le régime immigrationniste utilise deux procédés jusqu’ici particulièrement efficaces :
Lorsque les mouvements « patriotes » ou hostiles à l’immigration et à l’islamisation organisent une manifestation, le régime procède en suscitant ou en laissant se dérouler des contre-manifestations violentes d’extrême gauche. Tirant argument des troubles qui se produisent, le régime peut alors décider d’interdire pour la suite les manifestations patriotes parce qu’elles comportent un risque pour l’ordre public (c’est sur cette base qu’ont été interdites par exemple les tentatives d’organisation d’apéros saucisson-pinard).
Le second procédé est systématiquement mis en oeuvre dans les régimes totalitaires. Il consiste à discréditer les adversaires du régime en les présentant comme des personnes mauvaises, perverses ou psychologiquement dérangées. Lorsque la propagande est bien conduite, l’opinion finit par admettre qu’il est légitime de pourchasser les opposants et de leur refuser le droit de s’exprimer : la diabolisation de l’opposition ayant atteint un degré suffisant, l’opinion ne prend plus aucune distance par rapport à la propagande du régime.
C’est ainsi que les dirigeants et les collaborateurs du régime immigrationniste font grand usage de cette déclaration en forme d’aphorisme, destinée à rendre légitime la réduction au silence des opposants : « l’hostilité à l’immigration et la méfiance vis-à-vis des immigrés sont en fait du racisme : or le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit ».
Tout cela confirme nous semble-t-il que nous sommes bel et bien en France (et probablement dans la plupart des pays européens) en présence d’une évolution de type totalitaire. La gestion de la question de l’immigration conduit en effet le régime à utiliser toute la palette des techniques disponibles : la mauvaise foi grossière ; le mensonge d’Etat ; les accusations fantaisistes ; les poursuites arbitraires ; l’utilisation de provocateurs et de nervis pour discréditer l’opposition ; la création de délits d’opinions ; la propagande incessante ; l’utilisation obsessionnelle d’une novlangue (« vivre ensemble », « valeurs républicaines », « pacte social »…) ; la désinformation ; la dissimulation et la manipulation des chiffres ; autant de procédés qui constituent les marqueurs significatifs des régimes totalitaires.
- Un durcissement croissant du régime est probable
Dans ce contexte, la réaction de l’oligarchie dans le cadre de l’affaire de Poitiers apparaît tout à fait logique et cohérente :
– Le régime est contraint de réagir de façon brutale parce que l’action menée à Poitiers, dans sa conception même et dans sa réalisation, était particulièrement efficace et dangereuse pour le système immigrationniste. Elle a reposé sur l’absence de violence ; et a mis en avant la revendication d’un référendum. Or, instruite par les sondages, l’oligarchie a pleinement conscience de ce que la majorité de l’opinion souhaiterait elle aussi que l’immigration soit arrêtée et qu’un référendum soit organisé. Il est donc important pour le régime, en essayant d’intimider ses leaders et en les faisant taire par de lourdes amendes, de tuer dans l’œuf toute initiative efficace de refus de l’immigration qui, si elle s’étendait, entrerait en phase avec l’opinion et pourrait finir par déclencher sa réaction.
L’oligarchie veut en particulier éviter à tout prix que le débat ne s’installe sur la question de la poursuite ou non de l’immigration. La question de l’immigration est certes omniprésente depuis des années dans le débat public : c’est là une conséquence inévitable de l’augmentation continue et voyante du nombre des immigrés et de l’accroissement lui aussi spectaculaire des revendications communautaristes. L’oligarchie est donc contrainte de parler d’immigration.
Mais elle parvient à stériliser le débat sur le sujet par deux moyens. Il s’agit d’abord pour elle d’organiser au sein du conglomérat gauche-droite un débat factice entre immigrationnistes militants et partisans d’une plus grande fermeté (alors que la politique suivie, sur le sujet de l’immigration comme sur la plupart des questions, reste la même quelle que soit la majorité en place) : l’objectif de ce jeu-de-rôles est de donner à la partie de l’électorat que l’immigration inquiète l’impression que ses préoccupations sont bien prises en compte et qu’elle peut continuer à voter pour l’oligarchie.
L’autre technique consiste à dévier le débat vers des questions subalternes (voile, mosquée, nationalité…) en faisant en sorte que les questions clés ne soient jamais posées : Combien y a-t-il sur le sol français de personnes originaires de l’immigration ? Sommes-nous, ou non, en présence d’une invasion et d’un processus de remplacement de population ? Faut-il ou non arrêter d’urgence l’immigration légale et renvoyer les clandestins ? L’action de Poitiers pose la question de l’immigration frontalement : il est donc vital pour le régime d’éradiquer au plus vite les promoteurs de ce type de tentative.
– La réaction de l’oligarchie est également cohérente pour une seconde raison, encore plus décisive peut-être. Une action comme celle de Poitiers ne pose pas simplement la question de l’immigration. Elle marque une opposition aux conceptions mêmes sur lesquelles est fondé le régime républicain depuis deux siècles : la conception universaliste de la société, composée d’individus libres de toute appartenance nationale, citoyens du monde. Les partisans du régime considèrent que toute attaque contre l’universalisme est une attaque contre les valeurs centrales de la république et contre la république même : celle-ci est dès lors en droit de se défendre par tout moyen. C’est au nom de cette conception (« pas de liberté pour les ennemis de la liberté ») que la révolution avait inventé le terrorisme d’État (terreur ; suppression des libertés ; exécutions massives sans procédures judiciaires ; massacre des populations réfractaires, femmes et enfants compris…).
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On peut parier que les tensions croissantes que ne manquera pas de faire naître la poursuite de l’immigration massive se traduiront par la radicalisation du régime. Le mécanisme totalitaire en cours ne cessera de se durcir et de s’étendre, évoluant progressivement vers la mise en place d’un terrorisme d’État. Les nombreuses condamnations pénales de Jean-Marie Le Pen et d’autres personnalités patriotes pour délit d’opinion constituaient des prémices. L’affaire de Poitiers et la répression qui va suivre représentent sans doute une étape significative de ce processus.
Pour tenter de provoquer une réaction de l’opinion, les organisateurs de la manifestation de Poitiers ont senti qu’il fallait mettre en avant et répéter avec constance un slogan simple, difficilement contestable et visant l’essentiel. Peut-être les patriotes pourraient-ils à l’avenir prendre appui sur un message plus centré encore : “Immigration, invasion, référendum“.