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France-Algérie – Octobre 2001

« Faut pas généraliser»

“Plus qu’une rencontre sportive, une démonstration emblématique des retrouvailles entre deux peuples”

Octobre 2001 : moins d’un mois après les attentats du World Trade Center, a lieu une rencontre entre les équipes de football de France et d’Algérie au Stade de France. Conçue comme un symbole, celui de l’amitié entre les peuples français et algérien, la rencontre tourne au fiasco politico-sportif.
A l’époque, le match est précédé d’un déchaînement médiatique : il sera “plus qu’une rencontre sportive, une démonstration emblématique des retrouvailles entre deux peuples”. Les ministres sont là en masse, comme Elisabeth Guigou, Ségolène Royal ou Jack Lang.

A 20 h 40, la fanfare entame La Marseillaise. Bronca, huées et cris couvrent instantanément l’hymne français.

A 20 h 40, la fanfare entame La Marseillaise. Bronca, huées et cris couvrent instantanément l’hymne français. L’ampleur des sifflets est telle que la tribune présidentielle est sous le choc. «J’ai regardé Jospin et je me suis dit: pourvu qu’il ne quitte pas la tribune, on passerait de l’incident à la catastrophe», raconte un ministre.
Le directeur de l’antenne de TF 1, Etienne Mougeotte, avait demandé aux commentateurs d’observer une neutralité absolue : une consigne suivie à la lettre par les journalistes qui réussissent le tour de force de ne pas mentionner une seule fois les sifflets assourdissants, lors de La Marseillaise, et au cours du match chaque fois qu’un joueur français touche le ballon.
Après 75 minutes de jeu, alors que la France mène 4 à 1, le terrain est envahi : la première à fouler la pelouse, Sofia Benlemmane, une Algéro-Française de 31 ans, traverse tout le terrain en brandissant un drapeau algérien, sous les yeux des joueurs médusés. La rencontre est arrêtée. Elle ne reprendra pas.

La tribune présidentielle est sous le feu des projectiles

Les caméras restent braquées sur le terrain mais pendant ce temps, la tribune présidentielle est sous le feu des projectiles :
• la ministre Marie-George Buffet reçoit une bouteille d’eau en plein visage.
• la ministre Elisabeth Guigou a le cuir chevelu entaillé et conduite à l’abri.
• un officier supérieur de la gendarmerie, venu en invité, est grièvement atteint.
• toutes les personnalités présentes se replient. Jospin, visiblement marqué, attend d’avoir des nouvelles de sa ministre pour quitter le stade.

A la suite de l’évacuation du stade, une rame de RER est saccagée.

A la suite de l’évacuation du stade, une rame de RER est saccagée. Une semaine après les faits, 56% des français, selon un sondage, jugent les incidents «graves, car ils témoignent «des difficultés d’intégration de la population française d’origine musulmane».
A l’issue de maints sondages ultérieurs, un analyste politique déclare : « cet épisode a cristallisé un certain nombre de sentiments diffus autour des problèmes des banlieues, de la sécurité et de l’intégration, y compris chez des gens qui ne formulaient pas clairement leurs doutes.»
Ce soir-là, quelque 10,5 millions de téléspectateurs assistaient en direct à la rencontre. Huit mois plus tard, en mai 2002, Jean-Marie le Pen est au second tour de l’élection présidentielle.

Huit mois plus tard, en mai 2002, Jean-Marie le Pen est au second tour de l’élection présidentielle.

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