Le président a-t-il sous estimé la crise ? Dans un entretien au Monde, réalisé jeudi 25 octobre en vue d’un récit racontant le début du quinquennat, François Hollande s’en défend et explique comment a évolué son état d’esprit face à la dégradation de la situation économique.
Il y aura sans doute un moment où quelqu’un me lancera un jour, dans la foule, « dégagez ! » Mais là, il n’y avait pas de rejet.
Sur le diagnostic de l’ampleur de la crise. «Nous ne l’avons pas découverte, j’en ai parlé pendant toute ma campagne !», répond François Hollande. Lorsqu’on l’acclamait encore, dans les meetings, c’est lui qui décillait ses amis enthousiastes : «Profitez-en, cela ne va pas durer…» Dans son bureau élyséen, il insiste de nouveau : «Je connais l’état du pays !» […]
Sur la difficulté à réformer, et le devoir de la gauche. […] «Eh puis, je l’ai voulu ! Pas simplement pour des raisons personnelles, le destin d’une vie. Mais parce que je pense que pour la France, c’est mieux que ce soit la gauche qui fasse cette mutation, qu’elle le fasse par la négociation, dans la justice, sans blesser les plus fragiles ni les déconsidérer. Les autres l’auraient fait sans doute, mais brutalement», argumente M. Hollande.
Sur la possibilité d’une sortie de crise… ou d’un scénario noir. «Il faut sortir vite de la crise européenne. Je pense qu’il est possible de voir une reprise au deuxième semestre 2013 et le début de l’inversion de la courbe du chômage», estime M. Hollande. Le président a même cette phrase : «Nous en sommes à la troisième année de crise. La reprise va arriver, c’est une question de cycle.» Avant de se reprendre : «Il peut aussi y avoir un scénario noir, celui de la récession. Le rôle du chef de l’Etat c’est de préparer toutes les hypothèses.»
Le Monde