Hervé Gattegno, éditorialiste chez RMC, intervient du lundi au vendredi à 8 h 20 pour sa chronique politique “Le parti pris”. Votre parti pris : nous sommes tous des Juifs français.
Ça ne fait hélas aucun doute. La tuerie de Toulouse a mis en lumière la haine des Juifs qui s’est développée dans la jeunesse d’origine immigrée, sur fond de conflit israélo-palestinien – elle l’a même attisée. Les actes antisémites, violences, injures, dégradations ont augmenté. Il y a les chiffres du ministère de l’Intérieur et ceux – sensiblement plus élevés – de la communauté juive elle-même. Et puis le ressenti de beaucoup de Juifs qui éprouvent des formes d’animosité, notamment des enfants dans les écoles – de plus en plus d’enseignants en témoignent.
C’est un antisémitisme qui ne vient pas de l’extrême droite
mais qui la rejoint parfois – notamment sur Internet, où il y a une libération de la parole antisémite (que le gouvernement a raison de vouloir réprimer).
Et puis on a vu, avec le groupe de Cannes, que de jeunes Français sont prêts à se muer en terroristes en se revendiquant d’al-Qaida. Ça ne doit pas alimenter les fantasmes, mais il ne faut pas le minimiser non plus.
Justement, François Hollande a tenu à distinguer l’islam de l’islamisme radical. Est-ce que l’affaire Merah n’a pas aussi alimenté, en réaction, la méfiance envers la communauté musulmane ?
C’est évident. De même que le 11 Septembre à l’échelle planétaire, la tuerie de Toulouse a provoqué, en France, un ressentiment, parfois une vindicte contre les musulmans – qui pousse le débat politique à la radicalisation (on le voit au FN comme à l’UMP).
François Hollande a donc bien fait de rappeler que les Juifs ne sont pas, en France, les seules victimes de la haine raciale, ethnique ou religieuse. Il s’y sentait d’autant plus obligé qu’il était avec le Premier ministre israélien.
Il voulait qu’il soit clair que la solidarité avec les Juifs de France n’implique pas l’approbation de la politique d’Israël au Proche-Orient.
Le Point