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A bord de grosses cylindrées, des dealers vont à Amsterdam acheter leur herbe et reviennent en banlieue parisienne. Karim Baouz de Paris match était avec eux. Tous les prénoms ont été changés.

Avec les gueules qu’on a, la société ne nous donne rien. La porte est fermée, alors on passe par la fenêtre. Comme on ne nous laisse pas gagner notre pain décemment, on fait du ­business.
Quelque part dans la banlieue nord de Paris. Un petit appartement qui sert de planque à une bande de dealers. Papier peint ­décrépi, ameublement minimal – une armoire, une table, des chaises. Sur la table, de grosses liasses de 500, de 50, de 20 euros. Un des jeunes les compte avec la rapidité d’un bookmaker du Bronx : 30 000 euros au total, de quoi acheter 5 kilos d’amnésia, une herbe puissante au succès tellement foudroyant que certains disent qu’elle pourrait supplanter la cocaïne. Kevin, le chef de la bande, m’explique qu’il part de suite à Amsterdam pour ­alimenter son territoire. Ce sera un «go fast», un voyage express en voiture pour aller chercher de la drogue. Kevin et sa bande en font presque chaque week-end. […]

La préposée du péage, qui a dû en voir d’autres, ne tique même pas quand elle réalise que le conducteur porte une ­cagoule – il protège en fait son ­visage de ma caméra. «Merci madame, au ­revoir madame», lui disent poliment les jeunes.
Il m’a fallu plus d’un an pour les approcher et les convaincre de me ­laisser les accompagner lors d’un go fast. Ils ont fini par accepter, en partie parce qu’ils estiment que les reportages à la télé racontent n’importe quoi : «Le go fast, ce n’est pas un exploit, c’est un truc tout simple. N’importe qui peut le faire», assène Kevin. […] Paris Match

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