[extraits] Il y a quelques années de cela, le foyer Denis-Cordonnier de Fives (Lille) n’avait rien à voir avec aujourd’hui. (…) Il y a eu un grand chambardement :
Depuis trois-quatre ans, le foyer ne reçoit plus seulement des jeunes de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Il accueille aussi des mineurs étrangers isolés, qui débarquent en France la plupart du temps complètement seuls : « Ils arrivent du Congo, du Cameroun, d’Afghanistan… L’État va les prendre en charge jusqu’à leur majorité ».
Aujourd’hui, ces jeunes représentent 40 % des 27 pensionnaires de Denis-Cordonnier. Ils sont fils de paysans à Kaboul ou de commerçants à Kinshasa « avec souvent une bonne assise éducative », reprend la directrice.
« Ils arrivent en France pour des raisons économiques ou politiques, explique de son côté Nabil, un éducateur. Ils ont la volonté de venir chez nous, pour apprendre la langue, étudier, travailler. Ils savent pourquoi ils sont là : ils ne vivent pas le foyer comme une violence institutionnelle ». (…)
On se demande comment cohabite tout ce petit monde. Les réponses sont mitigées. Pas toujours simple par exemple, à entendre Mickaël1, 14 ans 1/2 :
« À table, ils parlent une langue différente. Moi, je ne parle pas avec eux »,
Lui est persuadé que les mineurs étrangers isolés (MEI) « empirent le foyer » plutôt que d’en améliorer l’ambiance.
Mehdi, 17 ans, a un autre point de vue. Lui apprécie au contraire qu’« au moment des repas, des fois, ils te racontent des trucs sur leur pays, sur leur culture ». Ce jeune, d’origine algérienne, vient justement de débattre dans les couloirs du foyer avec un Marocain, sur la différence… entre Algériens et Marocains.
C’est chez les éducateurs que ce mélange des genres semble faire le plus l’unanimité. Nabil est convaincu que « la présence de mineurs étrangers a tendance à tirer les jeunes vers le haut. Ça leur fait voir les choses autrement par rapport à leurs problèmes, à la délinquance, à tout ça. »
Pour Guillaume Logez, directeur d’un foyer de l’Alefpa, il est évident, de toute façon, que cet apprentissage du vivre-ensemble « n’est pas naturel ».
On n’est jamais à l’abri de propos racistes et de conflits, concède-t-il. « Mais on ne veut surtout pas les séparer, sinon on échoue et on forme des inadaptés sociaux ».
Source (payante)
Merci Siwy Platoon