Stéphane Beaud, sociologue et Gérard Noiriel, historien dénonce la notion de racisme anti-Blanc qu’ils considèrents comme une «imposture» et mettent en garde le «mouvement associatif» qui «risquent fort de scier la branche sur laquelle elles sont assises».
Toute l’argumentation raciste d’Edouard Drumont dans la France juive (1886) repose sur l’inversion des rapports de domination entre majorité (“nous, Français”) et minorité (“eux, les juifs”).
Le 26 octobre, pour la première fois dans une affaire de ce type, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) s’est portée partie civile contre un prévenu accusé de violences avec la circonstance aggravante de «racisme», au motif qu’il a insulté la victime en criant «sale Blanc, sale Français». […]
La racialisation du discours public contribue ainsi à l’enfermement identitaire de la fraction déshéritée de la jeunesse populaire. Privés de toute possibilité de diversifier leurs appartenances et leurs affiliations, ces jeunes intériorisent un vocabulaire racial qu’ils n’ont pas inventé, mais dans lequel ils se reconnaissent, ce qui explique qu’ils puissent se représenter le monde social de manière binaire et ethnicisée : le «nous» (de la cité, des jeunes Noirs ou Arabes, des exclus, mais aussi de plus en plus, semble-t-il, «nous, les musulmans») versus le «eux» (des bourgeois, des Céfrans, des Gaulois, des Blancs, ou des athées, etc.). […]
En s’engageant dans des procès contre le «racisme anti-Blanc», le mouvement associatif ne fera que renforcer ces clivages. Il alimentera aussi le sentiment d’injustice des jeunes qui se sentent humiliés par ceux qui maîtrisent le langage permettant d’échapper aux accusations de «racisme». On comprend que les politiciens de la droite décomplexée, qui défendent les classes privilégiées, aient intérêt à faire croire à l’opinion que le «racisme anti-Blanc» est le principal problème de la société française.
Le Monde (Merci à sene-gale et Jerôme)