Quelle perception a le citoyen algérien des ressortissants étrangers, notamment africains ou asiatiques, qui passent ou s’installent momentanément en Algérie ? Mépris, insultes, agressivité et humiliations quotidiennes sont le lot des Noirs en Algérie.
Dans un bus allant de Bab Ezzouar à Alger, elle tance sa fille : «Tais-toi, sinon j’appelle ‘‘el kahloucha’’, la Noire assise là-bas. Regarde-la, elle est laide !» La femme noire dont il est question, en djellaba et foulard rose, fait mine de ne pas entendre.[…]
Une étude réalisée par l’Association pour l’aide, la recherche et le perfectionnement en psychologie (Sarpp), traitant de la situation des migrants subsahariens en Algérie, renvoie une image peu flatteuse de nous-mêmes. Les migrants y utilisent des qualificatifs particulièrement durs pour signifier leur perception des Algériens. A leurs yeux, ils seraient racistes ou xénophobes, agressifs, désagréables, méprisants et malintentionnés. Les appréciations positives représentent moins de 21%.
Plus violente encore est la manière dont ils croient être perçus par les Algériens : misérables avec près de 29% de fréquence, esclaves (près de 18%), sous-hommes (12%), étrangers, trafiquants, animaux, porteurs de maladies et enfin mal éduqués. Les appréciations positives ne dépassent pas 8,2%.[…]
La xénophobie dans la société algérienne, si elle existe réellement, n’est pas dirigée contre «l’Occidental». Plus beau car blond aux yeux bleus, plus riche car payé en devises et plus compétent, son seul défaut serait, selon une idée répandue, qu’il ne soit pas musulman.
«On ne développe pas de sentiment de rejet envers des minorités quand certains facteurs sont absents : perception de danger, perception de menace, sentiment de rivalité», souligne Nouredine Khaled. En revanche, les comportements hostiles peuvent apparaître en cas de crise ou d’atteinte à la dignité. […] A l’en croire, les actes assimilables au racisme ne sont que le reflet d’une crise identitaire en Algérie.
El Watan