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Accusé de “dédiaboliser” Jean-Marie Le Pen dans un ouvrage paru jeudi 15 novembre “Le Pen, une histoire française”, Philippe Cohen, auteur de la biographie du leader frontiste aux côtés de Pierre Péan, s’en défend. (…)

Vous avez intitulé votre livre Le Pen, une histoire française. Est-ce parce qu’à vos yeux Jean-Marie Le Pen incarne les ambiguïtés et les paradoxes de la société française ?  
Non, c’est plutôt parce que, au bout de cette enquête, il nous est apparu que Le Pen n’était pas né Le Pen mais qu’il était le résultat, en quelque sorte, d’une coproduction à laquelle ont participé François Mitterrand, qui a joué un rôle essentiel dans sa percée politique – il y a sur ce point nombre de révélations dans le livre – mais aussi Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, SOS Racisme, etc.
Plus qu’une enquête sur Jean-Marie Le Pen, votre livre apparaît aussi comme une enquête sur la diabolisation de l’ancien patron du FN. En quoi la gauche et les associations anti-racistes ont-elle joué un rôle dans la montée du FN ?
J’ai d’abord envie de dire que SOS-Racisme, puisque tout vient de là au départ, a été une création forgée de toute pièce à l’Elysée comme notre enquête le démontre. Dans l’esprit de Mitterrand, il s’agissait à la fois de  faire monter le Front national sur un plan électoral (d’où l’instauration de la proportionnelle en 1986) et en même temps de diaboliser Le Pen grâce à la petite main jaune pour rendre impossible toute alliance de la droite et du FN qui, à l’époque apparaissait comme plausible. En réalité, François Mitterrand s’est permis de jouer avec Le Pen de cette façon parce qu’il ne le tenait pas pour un fasciste mais pour un notable.
Comme François Mitterrand, François Hollande, aujourd’hui en difficulté dans les sondages, pourrait-il être tenté d’instrumentaliser l’extrême-droite pour diviser la droite traditionnelle ? 
Il n’a pas besoin de le faire à mon sens car la droite vit aujourd’hui un cruel dilemme : soit elle s’allie avec le FN et elle perd son électorat centriste tandis qu’une partie de l’électorat frontiste, notamment l’électorat ouvrier, ne voterait pas pour elle non plus ; soit elle rejette toute alliance ou tout arrangement aux élections locales et elle a toutes les chances de les perdre. François Hollande n’a donc qu’à laisser faire. (…)
Atlantico

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