L’ex-chef de la CIA savait que l’attaque de Benghazi était liée à Al-Qaïda
L’ex-directeur de l’agence américaine du renseignement, qui a démissionné après la révélation d’une liaison avec sa biographe, a témoigné à huis clos devant les commissions du Renseignement du Congrès.
L’ancien chef de la CIA, David Petraeus, a expliqué vendredi à des élus américains qu’il avait rapidement su que des miliciens liés à Al-Qaïda étaient impliqués dans l’attaque du consulat de Benghazi en Libye le 11 septembre, lors de sa première sortie officielle depuis sa démission. Cette attaque a provoqué la mort de quatre Américains dont l’ambassadeur Christopher Stevens.
L’ex-directeur de l’agence américaine du renseignement, qui a démissionné le 9 novembre après la révélation d’une liaison avec sa biographe Paula Broadwell, a témoigné à huis clos devant les commissions du Renseignement du Congrès.
Dissimulation du caractère terroriste de l’attaque ?
Les républicains accusent à demi-mot Barack Obama d’avoir dissimulé le caractère terroriste de l’attaque pour ne pas ternir son bilan contre Al-Qaïda. “Il a dit qu’il y avait des rapports de renseignement (différents), mais qu’il avait toujours pensé qu’il y avait une implication terroriste importante”, a rapporté Pete King, un républicain.
Les adversaires de Barack Obama souhaitent savoir quand son gouvernement a su qu’il ne s’agissait pas d’une simple manifestation contre une vidéo islamophobe diffusée à l’époque sur internet, et qui aurait dégénéré. Cette thèse avait été reprise à la télévision par l’ambassadrice aux Nations unies, Susan Rice, cinq jours après. (…)
Jamais avait-on vu Barack Obama aussi irrité. Sur un ton de colère rentrée, le président a défendu son amie Susan Rice, pendant la première conférence de presse de son deuxième mandat, contre les attaques des sénateurs républicains McCain et Graham. (…)
Devant les caméras de Face the Nation, Susan Rice a affirmé ce 16 septembre que l’attaque avait été provoquée par la colère de la population contre la video “L’innocence des musulmans”, comme en Egypte.
Les républicains ont toujours vu dans cette affirmation une manipulation de la vérité par la Maison Blanche désireuse de dissimuler qu’une attaque terroriste avait en fait eu lieu un 11 septembre et que l’administration n’était pas préparée.
La Maison Blanche, elle, rétorque que les informations de Susan Rice venaient de la CIA. D’ailleurs le général Petreaus n’a pas dit autre chose quand il s’est adressé aux parlemementaires le 14 septembre (maintenant qu’on sait que le général était sous le coup d’une enquête du FBI, certains se demandent s’il n’essayait pas surtout de se conformer à une ligne ne contredisant pas l’administration). (…)
Susan Rice serait affectée au département d’Etat; John Kerry, au Pentagone comme lot de consolation. Susan Rice a, dit-on, l’appui de Michelle Obama, même si elle ne serait pas la première Afro-américaine au département d’Etat (ni la première “Rice” d’ailleurs). (…)
La bagarre est engagée. Certains pensent que le président, en mettant au défi les sénateurs républicains de s’attaquer à une femme qui plus est, noire, a des chances de l’emporter.
Mais le président veut-il une bagarre intense sur un sujet apparenté à Benghazi ? Et s’il a désavoué le procédé, qu’il a eu l’air de juger indigne d’un homme ayant le sens de l’honneur comme John McCain, il n’a pas dit qu’il avait pris sa décision sur la succession de Hillary Clinton.
Susan Rice, comme elle l’a montré dans sa réaction catégorique aux événements de Benghazi, est quelqu’un de très entier. A-t-elle le sens politique de Hillary ? Evidemment pas. Quant à la “grâce” évoquée par le président, il suffit d’interroger les diplomates à l’ONU pour s’apercevoir qu’elle ne saute pas aux yeux de ses collègues. (…)