La Talaudière. Trois couples. Un black, un blanc, un beur. Les deux premiers ont pu danser, le troisième est resté à la porte du 1810. «Discrimination» pour SOS racisme, «testing piégé» selon la discothèque. Jugement le 18 décembre.
Le videur du 1810 préfère qu’on l’appelle « agent d’accueil ». Mais le job reste le même : surveiller les entrées dans cette discothèque de La Talaudière. Et, éventuellement, en interdire l’accès. C’est ce qui est arrivé, au soir du 16 octobre 2010, à un couple de Maghrébins.
Problème : les deux jeunes gens jouaient les clients dans le cadre d’un testing de SOS racisme. L’association a porté plainte pour discrimination raciale.
Hier, à la barre du tribunal correctionnel, l’agent d’accueil, la trentaine baraquée, se souvient de cette nuit-là. « C’était l’anniversaire de la boîte. Ce couple s’est présenté à 2 heures 45. Je leur ai demandé combien ils étaient, je n’ai pas eu de réponse. Le jeune homme discutait avec d’autres, j’ai cru qu’ils étaient ensemble. La boite était déjà trop pleine pour accueillir un groupe, j’ai refusé l’entrée ».
Le portier se défend de tout racisme. « Je suis moi-même tunisien ». Le gérant du 1810 est sur la même ligne. « L’établissement existe depuis trois ans, nous n’avons jamais eu de problème. Ma clientèle est hétéroclite. Si on voulait faire de la discrimination, on n’emploierait pas un videur maghrébin. On ne s’est pas sentis testés, mais piégés par SOS racisme : ses représentants ont refusé d’entrer pour constater qu’il y avait réellement du monde ».
M e Lachaud, au nom de SOS racisme, ne s’en laisse pas compter. « Un testing est quelque chose de très encadré. C’est avéré : le couple de Maghrébins s’est fait refuser l’entrée. Imaginez l’humiliation que peut représenter le fait de rester à la porte d’un lieu en raison de sa couleur de peau. Le critère du nombre de clients déjà présents dans la discothèque ne tient pas, puisque les deux autres couples, européen comme africain, ont pu entrer après ».
M e Mbrament défend la société 1810 et son gérant. « On n’a que des suppositions, c’est un pur scandale. Pourquoi ce testing n’était-il pas suivi par un huissier ? Cette discothèque ne veut pas de groupes, car c’est une source d’enquiquinements dans un établissement de nuit ».
Pour le videur, dont on a appris qu’il avait été condamné à six mois de prison ferme en 2003 pour violences et outrages, M e Dupuy développe la thèse « d’une histoire montée de toutes pièces par SOS racisme, qui a voulu se faire un « coup de pub ». Le testing avait déjà fait chou blanc dans deux autres établissements de Saint-Etienne et Saint-Cyprien. D’autres personnes sont certes entrées après le couple, mais en individuels et non en groupe ». (…)
Le Progrès