A 81 ans, la romancière afro-américaine Toni Morrison a publié à la rentrée «Home», un roman paru, qui évoque le statut des noirs dans l’Amérique des années 50. Rencontre avec la Prix Nobel de littérature 1993.
Votre héros, Franck, rentre de la guerre de Corée. Quels champs de bataille doit-il affronter ?
Comme bon nombre de noirs, il s’est senti intégré dans l’armée, mais à son retour, il est à nouveau infériorisé et dévirilisé par les racistes. Une part de lui est détruite, d’autant qu’il doit se frotter à un autre champ de bataille : la traversée des Etats-Unis. Ce roman se situe dans les années 50, alors que les Afro-Américains n’ont pas le droit de circuler sans danger dans le pays. Mes parents l’ont expérimenté en quittant le sud.
Ma mère en avait une vision romantique, mais mon père pensait que les blancs étaient dépourvus de relations humaines. Le racisme est ancré dans l’ADN des Américains. Le problème n’est pas lié à la différence physique ou morale, mais à la perception, supérieure ou inférieure, que les gens ont d’eux-mêmes et d’autrui. Comment rester un individu unique, en faisant partie d’une communauté ? […]
Marianne