Fdesouche

La perspective qui s’annonce pour la France est celle de la récession, dès l’année prochaine. Du coup, aucune des prévisions du gouvernement Ayrault ne tient, et cela change tout, affirme Philippe Simonnot, économiste, auteur de «la Monnaie, histoire d’une imposture», en collaboration avec Charles Le Lien (Perrin, 2012).

Caspar David Friedrich : La mer de Glace, Das Eismeer (1824)

La France sera en récession en 2013. La Banque de France suppose même que cette récession a commencé au deuxième semestre 2012. Il n’est pas besoin d’être sorcier pour anticiper une telle mauvaise nouvelle, même si le gouvernement actuel continue à s’entêter à prévoir une croissance de 0,8 %. A regret, François Hollande a reconnu à la toute fin d’un entretien avec des journalistes du Monde : «Il peut aussi y avoir un scénario noir, celui de la récession»*.

Cet aveu mezza voce en dit long sur le doute qui s’est emparé du sommet de l’Etat. Autrement dit, le chômage va atteindre des niveaux jamais vus dans notre pays, qui est pourtant un champion du sous-emploi de masse. En outre, le gouvernement sera incapable de tenir ses engagements de réduction du déficit budgétaire à 3 % du PIB en 2013, ce qui le mettra en porte-à-faux par rapport à la Commission de Bruxelles, pour ne rien dire des réactions de Berlin à cette nouvelle défaillance française. En conséquence de quoi, la dette publique va continuer de croître, au risque d’inquiéter les marchés financiers et de renchérir son coût.

Le calcul qui permet de prévoir la récession française de l’an prochain est assez simple, presque une règle de trois !

L’ajustement budgétaire annoncé par François Hollande avec beaucoup de solennité est de 30 milliards d’euros : 10 milliards de moindres dépenses et 20 milliards de recettes fiscales supplémentaires. Cet ajustement équivaut à 1,5 % du PIB. L’incidence négative sur le PIB sera au minimum une décroissance de 1,5 %. Si vous retirez ce pourcentage du 0,8 % de croissance prévu par le gouvernement, vous arrivez à une récession de 0,7 %. CQFD.

Bien sûr, à de tels pronostics, les «hollandais» répondent qu’il faudrait tenir compte aussi des effets positifs à attendre de l’embauche de quelque 6 000 enseignants, du démarrage des «emplois-jeunes», de la création de la Banque publique d’investissement, et du «pacte de croissance» arraché par notre président à Angela Merkel en juin dernier. Mais toutes ces mesures, dont l’efficacité économique n’est pas démontrée, ne sont évidemment pas à la mesure du désastre qui s’annonce.

La récession de 2013 sera une catastrophe non seulement pour le gouvernement Ayrault, s’il est encore en place à la fin de l’an prochain, mais aussi pour l’ensemble du quinquennat d’Hollande. Pour deux raisons.

1) Les dépenses de l’Etat vont croître plus que prévu à cause de la forte augmentation du chômage, inéluctable du fait de la récession, et des allocations qui lui sont attachées.

2) Les recettes de l’Etat vont diminuer à cause de cette même récession. En d’autres termes, sera manqué l’objectif de réduction du déficit budgétaire à 3 % du PIB au nom duquel a été lancé à grand fracas tout ce dispositif de réduction des dépenses publiques et d’augmentation des impôts – «sans précédent», dixit Hollande.
L’objectif du déficit à 3 % du PIB, il faut le rappeler, n’était que la première marche d’un escalier «vertueux» qui devait conduire à l’équilibre les comptes de l’Etat français en 2017. Cette première marche étant ratée, les suivantes seront d’autant plus hautes, et il sera d’autant plus pénible de les monter.

A ce moment-là, le programme d’Hollande devient évidemment insoutenable, et il se passe quelque chose sur le plan politique…

Marianne II

Fdesouche sur les réseaux sociaux