Analyse de Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), sur la situation à l’UMP. Il y voit l’opposition entre un «courant libéral» et un «pôle identitaire» qui n’étaient unis que par le «charisme et la personne» de Nicolas Sarkozy.
Dans cette course-poursuite entamée depuis déjà vingt ans au moins, la quatrième droite des années 2000, nationale-populiste, néo-étatiste, oscillant entre laïcisme assimilationniste et ethno-différentialisme, le parti de Marine Le Pen donc, conserve l’avantage de l’antériorité et de la non-participation au système. La porosité des électorats UMP et FN est avérée.
Toutefois, sur la sécurité, les électeurs les plus droitiers préféreront le rétablissement de la peine de mort à la tolérance zéro. Sur l’immigration, son arrêt total, voire l’inversion des flux migratoires, à la simple maîtrise des flux.
Et sur l’identité nationale, l’affirmation de la fracture ethnique au nationalisme républicain et autoritaire de la Droite forte. Elaborer un nouveau «logiciel» idéologique susceptible de ramener la quatrième droite nationale-populiste à un étiage de l’ordre de 10 % est, pour l’UMP, un impératif.
M. Fillon ne pouvant s’accorder avec M. Copé sur les moyens d’y parvenir, sans doute Nicolas Sarkozy voit-il pour lui une seconde chance d’y arriver.
Il faudrait alors qu’il décide de briser le monopole frontiste sur une des trois idées phares qui rapprochent la base des deux partis : la préférence nationale, la limitation légale de la liberté de culte de l’islam ou l’immigration zéro. Autant dire : mission impossible.
Le Monde