Fdesouche

Anne Sinclair a dénoncé, jeudi, la droitisation de la société et les thèmes de campagne défendus par Jean-François Copé dans un article publié dans le Huffington Post. Tandis que dans son édito des “Inrocks”, Audrey Pulvar a fustigé le président contesté de l’UMP, qui se rêve président de la République, et qui au mieux « sera le Premier ministre de Marine Le Pen».

Atlantico: Anne Sinclair et Audrey Pulvar ont toutes les deux dénoncé la droitisation de la société dans des éditos publiés respectivement dans le Huffington Post et dans les “InRock”. En dépit de la victoire de François Hollande, la société se “droitise”-t-elle réellement ?
Daoud Boughezala :  Je pense que l’on est ici très loin de la vérité. Toutes ces analyses autour de la droitisation pêchent selon moi par amnésie collective ainsi que par ignorance des mutations idéologiques, notamment de la gauche. Si droitisation il y a, elle concerne les projets économiques, puisque l’économie de marché fait aujourd’hui consensus, y compris à la gauche du PS, qui entend simplement la réguler.
Mais lorsque les médias dominants parlent de droitisation, ils évoquent généralement une prétendue radicalisation de la société sur des sujets régaliens ou sociétaux (sécurité, l’immigration, l’identité nationale, multiculturalisme).

Ces analyses à courte vue oublient  par exemple qu’il y a une vingtaine d’années, les États Généraux de la droite, RPR-UDF, signaient un accord prévoyant l’arrêt de l’immigration sans que cela ne provoque des cris d’orfraie.

Lorsque Valéry Giscard D’Estaing parlait de l’immigration « invasion » ou quand Chirac s’alarmait du « bruit et de l’odeur » des immeubles à forte population immigrée, la polémique était ainsi loin d’arriver au niveau qu’elle aurait eu de nos jours.

C’est bien davantage le seuil de tolérance sociétale de la presse qui a évolué,

plutôt que le discours de la droite, à plus forte raison lorsque l’on sait que Marine Le Pen se refuse aujourd’hui à tenir un discours explicitement ethniciste pour occuper un créneau plus “républicain. Ces faits invalident la théorie de la droitisation.
En fait, le débat sur la « droitisation » cache les mutations idéologiques d’une gauche qui a abandonné l’idée d’égalité au profit de thématiques diversitaires comme le mariage gay ou le droit de vote des étrangers. Cette promotion du différentialisme brouille de plus en plus les cartes du jeu politique.  (…)
Atlantico

Fdesouche sur les réseaux sociaux