Pour le chroniqueur Issa Dieng, alors que l’hiver commence à se faire bien rude, il existe une astuce pour se réchauffer: la vie culturelle bouillonnante des Afro-Parisiens. (…)
Non, vraiment, en décembre, Paris a chaud grâce à l’Afrique. Et, cette année, il y a tellement d’événements et de signes que les blacks sont dans la place que je crois bien que ça y est: on va pouvoir définitivement reléguer notre cape d’invisibilité au placard.
Quoi!? Ne me regardez pas avec ces yeux ronds comme si vous ne compreniez pas ce que je veux dire. Ok, je décrypte.
Premièrement, «nous», c’est nous, les noirs de France. Deuxièmement, la «cape d’invisibilité», c’est l’accessoire que Harry Potter s’était confectionné pour pouvoir passer partout sans être vu.
C’est à «nous» qu’il avait emprunté cette technique: on savait trop bien faire. Ben oui! «Nous», on a été présents sur cette bonne vieille terre de France, pendant quelques centaines d’années sans que personne ne nous remarque. Invisibles, dis donc!
Antillais, Français d’origine africaine, tous dans le même sac, tous sous la même cape! Le daltonisme ambiant était tel que, à mon avis, ça tournait carrément au problème de santé publique.
Mais depuis quelques temps… j’ai vraiment le sentiment que le vent tourne. Il va falloir que je lance les cauris et que j’observe de près la position des planètes pour vérifier tout ça, tellement il y a de signes. Quels signes? (…)
Maintenant, les doigts de mes deux seules mains ne me suffisent plus pour compter le nombre de personnes «issues de la diversité» qu’on peut voir sur le petit écran. Audrey, Harry, Karine, Kareen, Kady, Rokhaya, Dominique, Elizabeth, Aline, China, Élé (1)…
Franchement, ça me réjouit. Parce que je me dis que la ménagère de plus de 50 ans du fin fond de la Creuse qui prenait peur en voyant Roselmack apparaître sur TF1, doit finalement s’être habituée.
Mais, parfois, je me dis aussi que… colorer, c’est bien, mais il y a encore quelques pas à faire pour intégrer vraiment la diversité des sensibilités y compris dans les programmes.
Comme d’intégrer ladite «diversité» à bord… Je veux dire dans les «boards» de direction, parmi les vrais décideurs des médias. Là, y a encore du boulot. Les membres du club Efficience l’ont bien compris. Alors ils ont fait paraître la deuxième édition de leur annuaire du Gotha noir de France. (…)
Slate Afrique