Puits sans fond pour les finances publiques, la politique de la ville est aussi le tombeau des illusions républicaines. Les magistrats de la Cour des comptes ont rendu un rapport durant l’été 2012 qui, période oblige, passe alors totalement inaperçu : «La politique de la ville, une décennie de réformes». Le Programme national de rénovation urbaine (PNRU), en dépit d’un effort «sans précédent», déplore la Cour, «n’a pas atteint ses objectifs».
En réalité, la pauvreté a bon dos. La Seine-Saint-Denis est le 15e département le plus riche de France, la Creuse le 96e. Mais dans la Creuse, on ne règle pas ses différends de voisinage à la kalachnikov.
La Cour des Comptes préconise un « rééquilibrage territorial » qui passe par une simplification. Et de fait, on se perd dans cette avalanche d’acronymes byzantins et imprononçables – les Zus, les ZRU et autres ZFU – dont on ne sait s’ils relèvent de la politique de la ville ou de l’ufologie. Autant d’Opni, organismes publics non identifiés, qui confinent à l’illisibilité et renforcent l’opacité de l’ensemble. […]
Selon le géographe Christophe Guilluy, auteur de l’indispensable Fractures françaises, 85 % des ménages pauvres n’habitent pas dans les quartiers sensibles. Il serait donc peut-être temps de chercher ailleurs les causes de leur sensibilité (et même de leur hypersensibilité). Certes, la prospérité du “9-3” ne profite guère à ses habitants, mais l’économie informelle irrigue l’ensemble de ces territoires – le fameux “business”.[…]
Devenus des zones de transit, ces quartiers se spécialisent dans l’accueil du trop-plein migratoire, ce qui se traduit par une insécurité structurelle. Or, les causes de la surdélinquance sont notoirement connues, du moins dans les pays anglo-saxons qui n’affichent pas notre timidité vis-à-vis des problématiques ethniques.[…] Valeurs actuelles