L’afflux d’immigrants venus du Liban, de Somalie, d’Ethiopie, d’Erythrée, de Turquie, d’Irak ou d’Afghanistan a «ressuscité» Riace, un «village moribond» d’Italie du Sud.
Le modèle a ses limites, les membres de Citta Futura le savent. « Nous ne pouvons pas offrir du travail à tous les migrants qui passent par Riace. Et il serait impossible de reproduire la même chose dans une grande ville ».
Elle a un visage de madone et des doigts de fée. A l’ombre de son petit atelier situé tout en haut d’une rue escarpée, Lubaba, une Ethiopienne de 29 ans, peint des statuettes africaines destinées à la vente aux touristes. Des gestes mécaniques qu’elle répète depuis 2008, lorsqu’elle et son mari, Selan, sont arrivés à Riace. Des gestes qui lui font oublier le passé : leur départ soudain causé par les persécutions contre les chrétiens en Ethiopie ; leur arrivée en Libye, puis l’administration qui refuse de renouveler leurs papiers. Impossible de rentrer chez eux. Ils décident alors d’embarquer avec 500 autres fuyants à bord d’un rafiot. Direction l’Europe. […]
Des garde-côtes italiens finissent par les repérer et les conduisent jusqu’au camp d’accueil provisoire de Lampedusa. C’est là que le couple entend parler de Riace pour la première fois, un village qui a fait le pari de l’immigration. «Vous verrez, tout est fait pour vous aider», expliquent les travailleurs sociaux. La contrepartie ? S’intégrer à la société italienne et redonner vie au village victime de l’exode rural. Leur titre de séjour en poche, ils décident d’aller voir.
Quatre ans plus tard, ils y sont toujours. […]
Paris Match